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Les personnels des crèches à nouveau dans la rue contre un projet de réforme

"Les enfants ne sont pas du bétail!": des milliers de professionnels de la petite enfance ont une nouvelle fois manifesté jeudi dans plusieurs villes en France contre une réforme des normes encadrant l'accueil des tout petits dans les crèches.

Cette réforme - que le gouvernement doit mener par ordonnances dans les mois à venir, et dont les modalités précises font encore l'objet d'une concertation -, vise à simplifier le cadre normatif pour encourager la création de nouvelles places en crèches. Selon le collectif "Pas de bébés à la consigne", qui appelait à la mobilisation, il risque cependant de dégrader les conditions d'accueil des enfants, concernant notamment leur taux d'encadrement et la surface minimale des locaux.

A Paris, plusieurs milliers de personnes - 2.000 à 3.000, selon les organisateurs, 1.600 selon la police - ont défilé en direction du ministère des Solidarités, où une délégation a été reçue par la secrétaire d'Etat Christelle Dubos. Les manifestants portaient des pancartes proclamant: "non aux bébés en batteries" ou "crèches en surnombre, bébés en danger".

La mobilisation a réuni environ 650 personnes à Lyon, selon les organisateurs, derrière des pancartes proclamant: "on n'est pas Shiva, donnez-nous des bras" ou "petite enfance en maltraitance", et environ 400 à Nantes, où les manifestants scandaient "On en a marre, la couche est pleine !". "C'est une réforme violente, ce n'est pas dans le respect de l'enfant. Ce sera l'usine ! Ce sont des enfants, pas des objets", a déclaré Leslie Salvaterra, 35 ans.

"Ah qu'on est serrés dans cette crèche, chantent les bébés, on veut des mètres carrés!", chantaient les manifestantes à Marseille, où plusieurs centaines de personnes se sont réunies.

Les professionnels en colère étaient également environ 300 à Toulouse et autant à Bordeaux, 130 à Strasbourg et 80 à Lille, selon des journalistes de l'AFP sur place.

- Réforme à coût constant -

"On a deux bras, pas quatre ou six, on ne garde pas des vaches", soulignait Julie Marty Pichon, l'une des porte-parole du collectif à Toulouse. "On parle d'enfants, d'êtres humains, on ne peut pas juste les réduire à des chiffres", estimait Anaïs, éducatrice dans une crèche bordelaise.

"C'est vrai qu'on manque aujourd'hui de places. Mais nous, notre objectif c'est de remettre l'enfant au centre des discussions, et de ne pas être seulement dans une logique d'optimisation", a expliqué à l'AFP Emilie Philippe, une des porte-parole du collectif à Paris.

Parmi les points qui font débat dans ce projet de réforme figure le nombre minimal de professionnels par enfant dans les crèches. Actuellement, la norme est d'un adulte pour 5 bébés qui ne marchent pas, et d'un pour 8 enfants qui marchent. Le gouvernement propose soit d'imposer une seule norme, d'un pour six, sans distinction d'âge, soit de garder les mêmes taux, mais en remplaçant le critère de la marche par un critère d'âge (18 mois). Le collectif, de son côté, demande un taux d'encadrement unique de un pour cinq.

Un autre point litigieux est la surface minimale des structures d'accueil, calculée par enfant: le gouvernement propose de la fixer à 7 m2 minimum, mais en tolérant 5,5 m2 dans les zones "densément peuplées". "Pas de bébé à la consigne" plaide pour un taux de 7 m2 valable pour tous.

Quant à la Fédération des entreprises de crèches (FFEC), qui représente environ 20% des places en France - contre 60% pour les crèches municipales et 20% pour le secteur associatif - elle prône une norme de 6 m2 par enfant, qui correspond selon elle à la moyenne observée aujourd'hui.

"Nous sommes très favorables à ce processus de simplification, mais à coût constant", a dit à l'AFP sa déléguée générale, Elsa Hervy. "Une partie des propositions actuelles du gouvernement, mais surtout celles du collectif, se traduirait par des surcoûts extrêmement importants, donc par des destructions de places", a-t-elle mis en garde.

Le mouvement a également entraîné des perturbations dans l'accueil des bambins. Ainsi, 19 des 480 crèches municipales étaient fermées à Paris, 2 sur 13 à Lille et la moitié à Nice. A Strasbourg, un tiers des professionnels était en grève. Dans le secteur privé, l'impact de la grève était "relativement faible", selon la FFEC, avec "moins d'une cinquantaine d'établissements" fermés dans toute la France.

burs-ab/cel/asm/mm

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