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Les sans-papiers en grève de la faim à Bruxelles suspendent leur mouvement

La grève de la faim observée depuis deux mois à Bruxelles par quelque 450 sans-papiers exigeant un titre de séjour avec accès au marché du travail est "provisoirement suspendue", a annoncé mercredi leur comité de soutien après des discussions avec le gouvernement.

Ce dossier mettait sous pression depuis des semaines la coalition gouvernementale dirigée par le libéral flamand Alexander De Croo.

Ecolo-Groen et le PS francophone, deux formations qui en sont des piliers, avaient menacé dimanche et lundi de retirer leurs ministres si un décès devait survenir parmi les grévistes, au risque de faire chuter le gouvernement.

Après quatre mois de dialogue de sourds, environ 450 étrangers en situation irrégulière, principalement des Marocains et des Algériens, avaient cessé de s'alimenter le 23 mai pour convaincre les services de l'immigration de leur fournir du titre de séjour.

Leur comité de soutien, l'Union des sans-papiers pour la régularisation (USPR), mettait en avant des années de séjour en Belgique dans des secteurs en manque de main d'oeuvre comme le bâtiment, la restauration ou le nettoyage.

La suspension du mouvement a été annoncée mercredi après-midi par l'USPR qui a salué "une main tendue du secrétaire d'Etat" Sammy Mahdi, chargé de l'Asile et de la Migration.

"Aujourd'hui, 21 juillet, jour de fête nationale, des propositions du cabinet Mahdi ont été annoncées aux grévistes", a fait valoir ce collectif dans un communiqué.

Il a évoqué deux voies possibles de régularisation, soit en vertu de "circonstances exceptionnelles" (l'article 9 bis de la loi applicable de 1980, ndlr) comme l'ancrage de longue date en Belgique ou la vulnérabilité, soit par le biais d'une demande d'asile humanitaire (article 9 ter) "pour les plus fragiles".

Venant de pays considérés comme "sûrs", ces étrangers ne peuvent en général pas prétendre à l'asile politique.

Chacun des 450 dossiers doit désormais être étudié et "la suspension de la grève n'acte pas la fin du mouvement", a prévenu l'USPR.

L'occupation des sites hébergeant les grévistes --une église bruxelloise et deux antennes d'un campus universitaire de la capitale-- "est maintenue", selon la même source.

"Cela fait des mois qu'on explique quelles sont les voies légales pour introduire un dossier individuellement (les articles 9bis et 9ter, ndlr)", a commenté auprès de l'AFP Sieghild Lacoere, porte-parole de M. Mahdi, assurant que le gouvernement n'avait pas infléchi sa position.

Sammy Mahdi a toujours fermement refusé toute "solution collective" pour ces sans-papiers.

Mercredi, il s'est dit "soulagé que la grève de la faim soit terminée". "Je continuerai à œuvrer pour une politique équitable", a ajouté le secrétaire d'Etat dans un communiqué.

"Mettre fin à la grève de la faim est la seule bonne décision", a soutenu de son côté le Premier ministre. "Un gouvernement ne peut jamais accepter le chantage", a-t-il affirmé, disant espérer qu'aucun gréviste de la faim ne souffrira d'"un dommage physique permanent".

"Si des séquelles physiques subsistent, tous ceux qui leur ont donné de faux espoirs ou leur ont fourni des informations non objectives, en porteront la responsabilité", a-t-il estimé.

Outre le PS et Ecolo-Groen, qui disaient craindre "un drame imminent", deux experts de l'ONU s'étaient émus récemment de la dégradation de l'état de santé des grévistes après plus de 50 jours sans manger.

L'un d'eux, Olivier De Schutter, rapporteur spécial sur l'extrême pauvreté et les droits de l'homme, avait rendu visite le 8 juillet aux quelque 250 grévistes de l'église du Béguinage. Il avait jugé que certains d'entre eux étaient "entre la vie et la mort".

"Des personnes sont actuellement transférées à l'hôpital et certaines resteront en soins intensifs", a indiqué M. Mahdi mercredi.

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