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Législatives en Slovaquie : nette victoire du parti anti-corruption

Le parti anti-corruption d'opposition OLaNO a remporté les législatives en Slovaquie face aux populistes sortants, ce qui devrait lui assurer la majorité absolue au Parlement avec ses futurs alliés, selon des résultats complets diffusés dimanche.

Le scrutin a été marqué par l'impact qu'a eu sur l'opinion publique le meurtre en 2018 d'un journaliste d'investigation ayant enquêté sur la corruption endémique. Un homme d'affaires lié à des responsables politiques est accusé d'avoir commandité ce crime.

"Les gens veulent que nous nettoyions la Slovaquie. Ils veulent que nous fassions de la Slovaquie un pays juste, où les lois s'appliqueront à tout le monde", a déclaré à des journalistes à Bratislava le leader d'OLaNO (centre droit), Igor Matovic.

Cet ancien patron de presse excentrique de 46 ans, qui dispose d'une confortable fortune, a fondé OLaNO (Gens ordinaires et personnalités indépendantes) il y a une dizaine d'années.

Il est resté prudent, disant "ne pas être certain" de devenir Premier ministre : il faudra voir "si nous pouvons nous mettre d'accord" pour former une coalition et la présidente "a le pouvoir d'en décider autrement".

Selon des projections, une telle coalition devrait avoir la majorité absolue, avec 78 sièges sur 150 : 53 sièges (25% des voix) pour OLaNO, 13 pour les libéraux du SaS et 12 pour un autre parti libéral, Za Ludi ("Pour le peuple"), de l'ancien président Andrej Kiska.

Outre ces deux derniers partis, des partenaires prévisibles, il compte engager des pourparlers avec Sme Rodina ("Nous sommes famille"), une formation de droite populiste, qui a obtenu 17 sièges. Si une telle coalition plus vaste se mettait en place, elle aurait même la majorité nécessaire pour réviser la Constitution, dont le seuil est fixé à 90 sièges sur 150.

Selon un analyste politique de Bratislava Juraj Marusiak, le succès d'OLaNO ne doit pas être perçu comme un rejet complet du populisme. Il marque plutôt, a-t-il dit, "une victoire du populisme conservateur de droite", rappelant celles de partis similaires dans les pays voisins, la Hongrie, la Pologne ou la République Tchèque.

Mais, nuance-t-il, OLaNO est plutôt un parti "hétérogène, du genre contestataire", et en cela il ne ressemble pas aux partis de droite de la région.

- Pas d'accord avec la "mafia"

Le Premier ministre sortant Peter Pellegrini a reconnu la défaite de son parti Smer-SD (18,3%, 38 sièges) et évoqué la possibilité d'une "coalition de réconciliation" avec l'OLaNO.

"Pas question. On ne négocie pas avec la mafia", lui a sèchement rétorqué Igor Matovic.

Un de ses proches, Gabor Grendel, qui occupait le poste de "ministre de l'Intérieur" dans son cabinet fantôme, a dit à l'AFP que le futur gouvernement s'attaquerait à la corruption dans la police et la justice.

La présidente libérale Zuzana Caputova a fait savoir dimanche sur Facebook qu'elle allait annoncer ses prochains choix lundi. M. Matovic a précisé qu'elle l'avait déjà invité au téléphone à la rencontrer.

La Constitution slovaque n'impose pas de délai pour former le gouvernement. Mais le chef de l'Etat doit convoquer la première session du nouveau parlement au plus tard trente jours après la publication des résultats des élections.

- Désir de changement -

Le désir de changement est fort au sein de la population et de la classe politique.

Le double assassinat de Jan Kuciak et de sa fiancée en 2018 avait déclenché des manifestations qui avaient poussé à la démission le Premier ministre d'alors, Robert Fico.

Arrivant en quatrième position, mais presque à égalité avec SME Rodina, le parti d'extrême droite LSNS de Marian Kotleba (8% des voix), favorable à la Russie et hostile à l'Otan et à l'UE, dénonçant les élites et affichant son inimitié à l'égard de la minorité Rom, va quant à lui renforcer sa présence au Parlement, passant de 10 à 17 députés.

La participation a atteint 65,8%, dépassant nettement le niveau de 2016 (59%) qui avait été le plus élévé depuis 2002.

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