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Les Uruguayens choisissent s'ils maintiennent la gauche au pouvoir

Les Uruguayens choisissent dimanche leur nouveau président et devront décider s'ils maintiennent la gauche, au pouvoir depuis 2004, à la tête du pays.

Le pays de 3,4 millions d'habitants, à population majoritairement chrétienne, pionnier sur le continent pour l'abolition de la peine de mort, le vote des femmes... ou l'interdiction de la cigarette dans les lieux publics, désigne le successeur à Tabaré Vazquez, le premier président de gauche du pays, élu en 2004, remplacé en 2010 par José Mujica, avant de revenir au pouvoir cinq ans plus tard.

En lice pour lui succéder: l'ancien maire de Montevideo Daniel Martinez, sous la bannière du Frente Amplio (Front élargi, gauche), et l'ex-sénateur Luis Lacalle Pou (Partido Nacional, centre-droit), qui sont les favoris.

Même si la Constitution interdit deux mandats consécutifs, la gauche est au pouvoir depuis quinze ans et pourrait le conserver.

Malgré un ralentissement économique, un chômage autour de 9%, une inflation rampante et un paysage sécuritaire en nette détérioration, le Frente amplio (FA) arrive en tête dans les sondages, avec 40% des intentions de vote.

Vient ensuite le Parti national de Luis Lacalle Pou qui se présente pour la deuxième fois à la présidentielle.

Le plus jeune des deux favoris - 46 ans - obtient 28% des intentions de vote et souhaite former une coalition des partis d'opposition.

- "Tout seul" -

Les scenarii ne pourraient pas être plus à l'opposé pour Daniel Martinez et Luis Lacalle Pou.

Après 15 ans au pouvoir, la gauche n'a pas de partenaire clair pour s'assurer une victoire au second tour. Même les formations de centre gauche comme le Partido Independiente (social-démocrate) sont très critiques, notamment concernant la proximité du gouvernement avec le président du Venezuela Nicolas Maduro.

Quant à l'ex-sénateur Lacalle Pou, il n'a de cesse de tenter d'obtenir l'appui du Partido Colorado (libéral) et de Cabildo Abierto (droite).

Le parti Frente Amplio a eu trois gouvernements pendant lesquels "il n'a pas eu besoin d'alliances" au Congrès parce qu'il avait la majorité absolue, explique le politologue Eduardo Bottinelli. "Il n'avait pas besoin d'alliances parlementaires, et il ne cherchait pas à en avoir". "A présent, il est tout seul".

L'ingénieur de 62 ans et l'avocat de 46 se retrouveront sans doute au second tour.

Additionnés, les votes de l'opposition dépassent ceux du Frente Amplio, mais, tempère M. Bottinelli, "le comportement des gens n'est pas exactement le même au premier et au second tour". Certains électeurs qui soutiendraient dimanche des candidats d'opposition pourront préférer M. Martinez à Lacalle Pou en fin de compte, poursuit-il.

Parallèlement à la présidentielle, les Uruguayens devront également se prononcer sur une réforme constitutionnelle qui pourrait durcir les mesures de sécurité pour endiguer la violence.

Présentée sous le titre "Vivre sans peur", cette initiative, qui n'est soutenue par aucun des candidats à la présidentielle, prévoit entre autres choses la création d'une garde nationale militarisée et qui effectuerait certaines des tâches policières, le durcissement des peines de prison pour les meurtres et les viols, ou encore l'autorisation des accès forcés au domicile sur ordre judiciaire en cas de suspicion d'actes illicites.

L'annonce de la mesure, proposée par un sénateur du Partido nacional, a provoqué un tollé et des mouvements sociaux, des syndicats et le Frente Amplio ont lancé une campagne d'opposition à la mesure.

Malgré cela, 53% des Uruguayens se déclarent favorables à la proposition dans un pays qui a enregistré un record du nombre d'homicides en 2018 avec 414 personnes tuées (+45%).

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