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Libye : l'ONU veut la fin des ingérences étrangères

L'émissaire de l'ONU sur la Libye Ghassan Salamé a exhorté les autres pays à y "cesser" leurs ingérences, dans un entretien avec l'AFP à la veille d'un sommet international visant à tenter de consolider la trêve militaire actuelle et de relancer le processus de paix.

Entre l'arrivée sur le terrain de militaires turcs, la présence soupçonnée de mercenaires russes et l'afflux continue d'armes livrées par plusieurs Etats, la communauté internationale craint de voir le conflit en Libye dégénérer en "nouvelle Syrie" et de s'internationaliser davantage.

"Toute ingérence étrangère peut avoir un effet d'aspirine à court terme", a dit M. Salamé samedi à Berlin dans une allusion notamment au cessez-le-feu entré en vigueur le 12 janvier en Libye, à l'initiative de Moscou et d'Ankara.

"Mais la Libye a besoin que toutes les ingérences étrangères cessent. C'est un des objectifs de cette conférence" dans la capitale allemande, a-t-il assuré.

"Les Libyens appellent les puissances étrangères et ces dernières, en intervenant, approfondissent les divisions parmi les Libyens. C'est un cercle vicieux qu'il faut rompre", a relevé le Libanais.

Dimanche à Berlin, les dirigeants des pays impliqués dans le conflit en Libye se retrouvent pour un sommet de l'ONU avec, en particulier, l'objectif de "consolider le cessez-le-feu".

"Parce qu'on a aujourd'hui simplement une trêve. Nous voulons la transformer en un véritable cessez-le-feu avec observation, séparation (des deux camps rivaux, ndlr), repositionnement des armes lourdes (en dehors des zones urbaines), etc.", a dit M. Salamé.

"Il faut que cette trêve tienne (...) Et j'espère qu'à Berlin on aura l'occasion de la transformer en une cessation des hostilités en bonne et due forme", a-t-il dit.

- Prudence -

Ankara soutient M. Sarraj, y compris militairement, tandis que Moscou, malgré ses dénégations, est soupçonné d'appuyer le maréchal Haftar avec des armes, de l'argent et des mercenaires.

Dans leur déclaration finale, les chefs d'Etat devraient principalement s'engager à respecter l'embargo sur les armes imposé à la Libye depuis 2011, mais resté lettre morte.

Ils doivent aussi insister sur leur appui à la relance du processus politique, par le biais d'une réunion inter-libyenne prévue pour avant la fin du mois à Genève, selon M. Salamé.

"Je ne suis pas assez pessimiste pour dire que Berlin ne servira à rien mais je ne suis pas non plus assez naïf pour dire que ce sera la fin des divisions internationales", a souligné l'émissaire de l'ONU.

- "Pas jouer avec le pétrole" -

En attendant, chacun des pays impliqués continue à défendre son allié libyen qui sert le plus ses intérêts.

Samedi encore, le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui sera dimanche à Berlin, a mis en garde contre une résurgence des groupes jihadistes si le GNA venait à être renversé.

"L'Europe fera face à une nouvelle série de problèmes et de menaces en cas de chute du gouvernement légitime libyen", a écrit M. Erdogan sur le site internet Politico.

Plusieurs autres pays seront représentés dimanche à la conférence organisée dans la capitale allemande sous l'égide des Nations unies, dont la Russie, les Etats-Unis, la Chine, l'Italie et la France.

Sur le terrain, si la trêve continue d'être relativement respectée, le conflit pourrait prendre une tournure dramatique sur le plan économique.

Des tribus soutenant le maréchal Haftar menacent depuis vendredi de bloquer les exportations de brut à partir du croissant pétrolier, le coeur de l'économie libyenne, ce qui risque de faire chuter d'au moins de moitié la production actuellement évaluée à 1,3 million de barils/jour.

"C'est possible que cela ait un lien avec" la conférence de Berlin, "son timing est -disons-le- un peu louche", a noté M. Salamé.

"Notre ligne est claire à l'ONU. Il ne faut pas jouer avec le pétrole parce que c'est le gagne-pain des Libyens. Sans pétrole, les Libyens meurent de faim", a-t-il prévenu.

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