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Lindsey Graham, l'homme qui murmure à l'oreille de Trump

"Dites à Donald Trump d'aller au diable", Lindsey Graham "fait honte": les deux hommes n'avaient certainement pas commencé sur un bon pied mais à coups de déclarations publiques passionnées, le sénateur républicain a su gagner l'oreille du milliardaire, sans hésiter à le contredire parfois.

Déjà très médiatique, Lindsey Graham prend à 63 ans encore du galon mardi, en présidant, pour la première fois, la prestigieuse commission judiciaire du Sénat pour l'audition de confirmation très attendue du candidat de Donald Trump au poste de ministre de la Justice, Bill Barr.

Une scène de choix, sous les caméras, pour renforcer encore la carrure politique de ce sénateur de Caroline du Sud depuis 2003.

Lindsey Graham a dit, au groupe de médias McClatchy, espérer que cette audition se ferait dans "le respect" alors que les démocrates s'inquiètent des critiques passées de Bill Barr contre l'enquête sur les soupçons de collusion entre l'équipe de la campagne de Donald Trump et la Russie.

C'est justement son indignation contre ses collègues démocrates lors d'une autre audition mouvementée qui a cimenté sa position d'allié clé de la Maison Blanche et de voix influente du parti républicain.

"C'est un enfer", s'était enflammé en septembre Lindsey Graham lors de l'audition du désormais magistrat de la Cour suprême, Brett Kavanaugh, pétrifiant l'assemblée après de longues heures consacrées à l'accusation de tentative de viol, il y a plus de 35 ans, qui visait le juge conservateur.

"Je voterai pour vous, et j'espère que tous ceux qui croient en la justice voteront également pour vous", avait-il ajouté, redonnant soudainement espoir aux républicains qui avaient un temps cru cette confirmation perdue, sous le poids du témoignage déchirant de son accusatrice, Christine Blasey Ford.

Brett Kavanaugh a finalement convaincu assez de sénateurs pour entrer à la Cour suprême. Et Lindsey Graham, n'ayant plus à faire preuve de sa loyauté, a renforcé du même coup sa stature auprès de Donald Trump, avec qui il déjeune et joue au golf régulièrement depuis.

Le sénateur donne aussi son avis au président à travers ses multiples interventions sur les chaînes câblées, dont il sait que Donald Trump est un avide téléspectateur.

Sans toujours parvenir à le convaincre.

"C'était une suggestion de Lindsey mais je l'ai rejetée", a encore déclaré Donald Trump devant les caméras lundi matin, remisant au placard une proposition pour sortir de l'impasse budgétaire que lui avait adressée le sénateur la veille, sur Fox News.

- "Influence positive" -

Conservateur sur l'avortement mais longtemps connu pour ses positions plutôt centristes sur l'immigration et l'environnement, le sénateur républicain n'hésite pas non plus à exprimer publiquement ses désaccords avec Donald Trump, notamment en politique étrangère. Comme sur la ligne à tenir face au prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane après le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi ou sur le retrait américain de Syrie annoncé récemment.

Rien à voir cependant avec les insultes et commentaires méprisants échangés lors de la primaire républicaine pour la présidentielle de 2016, lorsqu'il étaient tous deux en lice.

"Savez-vous comment rendre à l'Amérique sa grandeur? (...) Dites à Donald Trump d'aller au diable", avait lancé Lindsey Graham en décembre 2015, en moquant le slogan de campagne du milliardaire.

"Lindsey fait honte", avait déclaré ce dernier début 2016. "Il est l'un des êtres humains les plus bêtes que j'ai jamais vus".

Des relations tendues encore par les critiques de Donald Trump contre le sénateur John McCain, dont Lindsey Graham était un grand ami.

Lindsey Graham "a eu de véritables désaccords avec le président mais il reconnaît aussi que Donald Trump est maintenant le président des Etats-Unis", explique à l'AFP le sénateur républicain Mike Rounds. Il appartient désormais au club restreint de "ceux qui peuvent s'asseoir avec le président pour une discussion franche".

Lindsey Graham "a plutôt jusqu'ici eu une influence positive", renchérit le sénateur Marco Rubio, interrogé par l'AFP. "Je suis heureux que Lindsey lui parle, surtout sur des questions de politiques étrangères".

Du coté des démocrates aussi, le sénateur Cory Booker estime que "la relation avec la Maison Blanche" de Lindsey Graham a aidé à adopter une grande réforme du système judiciaire. "J'en suis reconnaissant", confie-t-il.

Ancien avocat dans l'armée de l'air, maniant facilement l'humour et l'auto-dérision, Lindsey Graham a siégé à la Chambre des représentants de 1995 à 2003.

Célibataire, il fait face depuis des années à des rumeurs sur son homosexualité qu'il balaye régulièrement, comme en octobre dernier au site people TMZ. "Si ça intéresse quelqu'un, je ne suis pas gay".

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