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Los Angeles: les marchands ambulants espèrent mieux vivre avec la légalisation

"Avocats, avocats de Michoacan", s’époumone un homme près d'une caisse de ces fruits, cherchant à se faire entendre parmi ses voisins qui crient eux aussi pour vendre leur "eau fraîche" et autres "tacos" dans cette rue animée du centre de Los Angeles.

Protégés du soleil californien par des auvents et parasols colorés, clients et badauds se fraient un chemin sur les trottoirs parmi ces étals éphémères, démontés et remontés tous les jours de l'année, une mécanique rodée par des décennies de pratique.

Mais les choses sont en train de changer: Los Angeles commence à appliquer une loi dépénalisant la vente ambulante, ce qui réjouit certains marchands mais en inquiète d'autres, qui attendent de voir si les taxes ne vont pas augmenter et la réglementation se durcir.

La loi californienne, officiellement entrée en vigueur le 1er janvier, interdit l'arrestation des marchands ambulants ou les peines d'amendes auxquelles ils s'exposaient jusqu'alors. Désormais, les régulations commerciales et sanitaires sont du ressort de chaque municipalité.

Dans le quartier populaire et populeux de La Pinata, les marchands ambulants payent entre 1.000 et 5.000 dollars chaque mois aux commerçants "en dur" pour dresser leur étal ou garer leur chariot devant leur boutique. Moises Benitez, Mexicain de 35 ans, dont 20 aux Etats-Unis après y être entré illégalement, est l'un de ces petits vendeurs plus tout à fait à la sauvette.

"On ne peut pas payer à la fois la ville et celui qui contrôle notre bout de trottoir. Et si on se déplace à deux pâtés de maisons d'ici, où on n'a pas besoin de payer, on n'aura pas de client après 14h00. On est dans le flou, c'est pas facile", déclare-t-il à l'AFP.

Légalisation n'est pas synonyme de libéralisation: une ordonnance du comté interdit toute vente de rue dans les zones touristiques, comme le célèbre "Walk of Fame" d'Hollywood ou les stades Staples Center ou Dodger Stadium.

"La ville va devoir faire quelques concessions, ne pas trop nous tordre le bras parce que sinon ça ne va pas marcher", estime Moises Benitez.

On recense quelque 50.000 marchands de rue à Los Angeles, une activité estimée à 500 millions de dollars par an.

Ce commerce informel est souvent la seule option possible pour les immigrés clandestins en Californie qui, faute de papiers en règles, ne peuvent trouver un emploi salarié. 80% du secteur est occupé par les femmes, pour la plupart des mères célibataires venues du Mexique, du Guatemala et du Salvador.

Natalie Munoz vend du pain aux noix et des petits pains à la crème qu'elle prépare elle-même depuis 17 ans dans le quartier latino de Boyle Heights, et elle se veut optimiste. "C'est mon commerce, qui m'a permis de faire vivre ma famille", explique cette Mexicaine qui élève seule ses cinq enfants.

Avec la nouvelle législation qui se met en place, "peut-être que les bénéfices ne seront plus pareils, mais je suis prête à payer pour ma licence s'ils me laissent travailler tranquillement et honnêtement".

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