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Malaisie: Anwar Ibrahim estime que l'ex-Premier ministre va le remplacer en prison

L'ex-dirigeant de l'opposition malaisienne tout juste sorti de prison Anwar Ibrahim a déclaré jeudi à l'AFP s'attendre à ce que l'ancien Premier ministre Najib Razak soit lui-même emprisonné à son tour en raison des accusations de détournements de fonds à son encontre.

Dans un entretien avec l'AFP au lendemain de sa remise en liberté après trois ans derrière les barreaux pour une condamnation en 2015 à cinq ans de prison pour sodomie, largement considérée comme politiquement motivée, M. Anwar a également assuré qu'il serait de retour très prochainement au Parlement, sans forcément chercher un siège de premier plan dans l'immédiat.

"Donnez-moi quelques mois, je devrais revenir comme député. Voilà ce qu'il faut faire", a dit M. Anwar, âgé de 70 ans et passé en une semaine du statut de prisonnier à celui de successeur présomptif de Mahathir Mohamad comme Premier ministre.

M. Mahathir, 92 ans, est revenu au pouvoir à la faveur d'une victoire historique de l'opposition à M. Najib aux législatives, qui a chassé du pouvoir la coalition Barisan Nasional à la tête du pays depuis 61 ans.

M. Najib, accusé d'avoir pillé le fonds public 1MDB mais dépourvu dorénavant de toute protection liée à son mandat, fait face à une bataille judiciaire "difficile", a estimé M. Anwar.

La police a effectué jeudi une perquisition au domicile de l'ancien Premier ministre, qui dément comme 1MDB toute malversation.

"Il sera certainement accusé" et tout dépendra de "la manière dont il peut se défendre devant le tribunal", a poursuivi M. Anwar. "Ce sera très difficile pour lui d'échapper à la prison".

M. Mahathir, déjà Premier ministre durant 22 ans (1981-2003), a promis de céder la place à M. Anwar dans les deux ans. Ce dernier assure toutefois avoir dit à M. Mahathir n'avoir "pas l'intention d'entrer au cabinet".

Les relations orageuses entre les deux hommes ont dominé la vie politique malaisienne des décennies durant. Dans les années 1990, M. Anwar avait été le bras droit de M. Mahathir avant d'être limogé en 1998 en raison de divergences politiques puis d'écoper l'année suivante d'une première condamnation pour sodomie et corruption à six ans de prison.

M. Anwar a reconnu avoir eu "des hauts et des bas" avec M. Mahathir mais assuré que leur relation actuelle était "très cordiale, très amicale" et qu'il le laisserait pour le moment diriger le pays.

"J'ai dit à Mahathir qu'il devrait se sentir libre de continuer à gérer les affaires du pays. Je vais le soutenir", a-t-il expliqué, ajoutant néanmoins: "j'exprimerais clairement mes opinions" si nécessaire.

M. Anwar a assuré que M. Mahathir, accusé d'autoritarisme durant ses précédents mandats, s'était engagé à changer et à réformer: "je pense que nous devrions nous en féliciter".

Selon un politologue du Penang Institute, Wong Chin Huat, les deux ex-rivaux pourraient travailler ensemble et "une transition contrôlée a été décidée et acceptée par tous bien avant les élections".

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