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Malgré les offres d'asile, un exode massif des Hongkongais est très hypothétique

Plusieurs pays ont entamé les démarches pour faciliter l'accueil des Hongkongais souhaitant fuir après le coup de force législatif de Pékin dans la ville. Mais les obstacles économiques et psychologiques sont nombreux, et un exode massif est très hypothétique.

Ancienne puissance coloniale, le Royaume-Uni est le pays qui se montre le plus ouvert, en proposant à près de la moitié des 7,5 millions de Hongkongais une éventuelle naturalisation. Mais l'Australie, le Canada, la Nouvelle-Zélande et les Etats-Unis pourraient aussi offrir une forme d'asile.

Les cinq membres de l'alliance "Five Eyes" se dressent ainsi face à Pékin pour présenter l'accueil des Hongkongais comme un impératif moral qui consisterait à les aider à échapper au joug chinois.

Le chef de la diplomatie britannique Dominic Raab a affirmé devant le Parlement que son pays avait le devoir de s'occuper des habitants du territoire rétrocédé en 1997.

Londres envisage de faciliter l'accès à la citoyenneté britannique pour les titulaires du passeport britannique d'outre-mer (British National Overseas, BNO), et leurs dépendants, soit plus de trois millions de personnes.

- "Immensément reconnaissante" -

Tout Hongkongais né avant la rétrocession peut prétendre au BNO. Environ 300.000 personnes le possèdent actuellement, mais 2,7 millions sont éligibles et les administrations ont fait état d'une recrudescence de demandes.

"Je partirai dès que possible pour commencer une nouvelle vie en Grande-Bretagne en utilisant ce mécanisme", a déclaré à l'AFP Asuka Law, récemment diplômée de l'université, affirmant qu'elle était "immensément reconnaissante" à l'égard du Royaume-Uni. Son départ pourrait intervenir cet automne.

Sam, un comptable qui refuse de préciser son identité complète, est indécis.

"J'adore toujours Hong Kong", confie-t-il. "Mais d'abord, je demanderai le BNO et puis je me déciderai une fois que les détails auront été précisés. Cela nous donne une alternative".

Jeudi, Nathan Law, un des opposants hongkongais les plus en vue, a annoncé une fois parti qu'il avait fui vers une destination secrète.

Dans les années qui avaient précédé la rétrocession, des centaines de milliers de personnes avaient quitté Hong Kong, notamment pour grossir la diaspora installée en Australie, au Canada ou aux Etats-Unis. Mais beaucoup sont par la suite revenus.

- "Pas une décision facile" -

Hui Feng, politologue à la Griffith University en Australie, affirme qu'un afflux de Hongkongais pourrait créer des tensions sur le marché de l'emploi au Royaume-Uni.

"Mais les derniers sondages laissent entendre que la majorité des Britanniques approuvent la position de leur gouvernement", dit-il.

Beaucoup d'experts doutent que les Hongkongais soient nombreux à choisir l'émigration.

Beaucoup des manifestants impliqués dans le mouvement sont des jeunes appartenant à des familles aux revenus modestes et qui n'ont que peu de ressources.

"Abandonner sa maison, ses amis et sa famille, potentiellement pour toujours, n'est pas une décision facile", explique à l'AFP Ben Bland, auteur d'un livre sur la jeunesse et l'identité hongkongaises.

"Entamer une nouvelle vie à l'étranger sera encore plus difficile dans le contexte de la pandémie et de la récession. Et beaucoup de militants veulent rester pour se battre pour leur ville".

La Chine a en outre menacé le Royaume-Uni de représailles s'il étendait les droits à l'immigration pour les Hongkongais.

M. Raab a du reste reconnu que Londres ne pourrait pas grand chose si la Chine s'opposait réellement au départ des Hongkongais.

"Nous devons être honnêtes à propos du fait que nous ne pourrions pas forcer la Chine à autoriser les BNO à venir au Royaume-Uni", a-t-il déclaré sur la chaîne ITV.

Des sanctions seraient une option, mais elles seraient probablement aussi préjudiciables aux intérêts des entreprises occidentales opérant à Hong Kong qu'aux intérêts chinois.

Une étudiante née après 1997, et se faisant appelée "Blue", affirme de son côté n'avoir nullement le projet de partir.

"Ca ne doit pas particulièrement nous réjouir", a-t-elle répondu à l'AFP qui lui demandait ce qu'elle pensait de l'offre d'asile britannique. "Il faut rester ici et se battre".

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