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L'homme fort du Mali échappe à une tentative d'assassinat à l'arme blanche

Le président de transition au Mali, le colonel Assimi Goïta, s'est déclaré mardi indemne après avoir été visé par une tentative d'assassinat à l'arme blanche durant la prière musulmane de l'Aïd al-Adha, à la Grande mosquée de Bamako, un acte "choquant" condamné par Paris.

Ancien chef d'un bataillon de forces spéciales, le colonel Goïta, auteur de deux putschs en moins d'un an, dont celui qui a renversé le 18 août 2020 le président Ibrahim Boubacar Keïta, ne se déplace d'ordinaire depuis onze mois jamais sans ses hommes, cagoulés et armés de fusils d'assaut.

En milieu de matinée, après la prière, tandis que l'imam se dirigeait vers la sortie de la mosquée pour égorger le mouton sacrificiel, un homme s'est levé et a tenté de poignarder le colonel Goïta, assis au milieu d'autres haut responsables maliens, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, qui était à ses côtés, a ensuite estimé que c'était "son instinct" d'officier des forces spéciales qui avait permis au colonel Goïta d'empêcher l'agresseur de l'atteindre "au cou avec un couteau".

"Je vais très bien", a déclaré le chef de l'Etat à la télévision nationale au journal de la mi-journée, précisant que cette agression avait été "maîtrisée".

"Quand on est leader, il y a toujours des mécontents, il y a des gens qui à tout moment peuvent vouloir tenter des choses pour déstabiliser, tenter des actions isolées", a-t-il dit.

Paris "condamne vivement l'agression", un "acte choquant survenu de surcroît un jour particulier de paix et de tolérance", a indiqué sur Twitter l'ambassade française au Mali.

"La France appelle à la sérénité pour la poursuite de la transition jusqu’à son terme", selon la même source.

L'assaillant a été interpellé, tout comme un deuxième homme, qui, dans la confusion, a été pris pour son complice. Il s'agissait en fait d'un membre des forces spéciales, armé d'un pistolet, que la garde présidentielle n'avait pas reconnu comme tel, a indiqué à l'AFP le commissaire principal Sadio Tomoda, du 3e arrondissement de police de Bamako.

L'assaillant est un "enseignant", a aussi précisé le commissaire Tomoda, sans plus de détails sur son identité.

- Aucune piste privilégiée -

Après l'agression, les abords de la mosquée du roi Fayçal sont restés paisibles, comme le reste de la capitale en ce jour de Tabaski (surnom de la fête en Afrique de l'Ouest) où chacun selon la coutume se recueille en famille.

Le ministre de la Jeunesse, Mossa Ag Attaher, s'est dit "choqué et dégoûté par la violence, la lâcheté et la barbarie de ceux qui ont tenté d'intenter à l'intégrité du chef de l'Etat".

En fin de journée, aucune piste ne pouvait être privilégiée quant aux motivations de l'agresseur, dans un pays très instable politiquement et en prise à des violences multiformes depuis 2012.

Ces violences, qui ont débuté par des rébellions indépendantiste puis jihadiste dans le Nord, se sont ensuite propagées au centre et au sud du Mali, se mêlant à des conflits intercommunautaires et à des attaques crapuleuses dans des zones où l'influence de l'Etat est très faible.

Le phénomène s'est depuis plusieurs années étendu aux Burkina Faso et Niger voisins, où opèrent également des groupes affiliés à Al-Qaïda ou à l'organisation Etat islamique (EI).

Bamako, d'habitude relativement épargnée par rapport au reste du pays, a connu depuis 2015 des attentats jihadistes, et a été le théâtre de deux coups d'Etat en moins d'un an.

Le dernier en date, en mai, a été mené par les mêmes colonels, conduits par le colonel Assimi Goïta, que celui d'août 2020, et a abouti à son investiture comme président de la transition.

Les militaires ont largement fait main basse sur le pouvoir. Mais le colonel Goïta comme le nouveau gouvernement, nommé par les militaires, ont assuré qu'ils tiendraient l'engagement de rendre les commandes aux civils après des élections prévues le 27 février 2022.

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