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Même évincé de Facebook, Trump cimente son influence sur les républicains

Malgré le maintien de son interdiction sur Facebook, Donald Trump a voulu afficher mercredi son influence sur les républicains en éreintant, dans une salve de communiqués, l'une des rares élues critiques de son parti et en réitérant ses accusations, sans fondement, de fraudes électorales.

En dépit de sa défaite face à Joe Biden en 2020 et d'une deuxième procédure infamante en destitution, déclenchée après l'assaut meurtrier du Capitole par des manifestants pro-Trump, le tempétueux milliardaire reste très populaire auprès des électeurs républicains. Et il le sait.

Privé de réseaux sociaux depuis cette attaque, c'est par des communiqués que l'ex-président s'en est pris à Liz Cheney, l'une des rares parlementaires de son parti à avoir voté en faveur de sa mise en accusation pour "incitation à l'insurrection".

De tout son poids d'ex-président, le magnat de l'immobilier a appelé a écarter cette dernière de son poste de numéro trois des républicains à la Chambre des représentants, pour la remplacer par une jeune élue pro-Trump, Elise Stefanik.

"Liz Cheney est une imbécile va-t-en-guerre qui n'a rien à faire dans la hiérarchie du parti républicain", a écrit Donald Trump.

- Cheney en difficulté -

Le républicain n'a jamais concédé explicitement sa défaite à la présidentielle du 3 novembre 2020 face à Joe Biden.

Malgré les échecs à répétition de ses recours en justice, il avait entretenu sur les réseaux sociaux le mythe d'une fraude électorale massive jusqu'au 6 janvier, lorsque le Congrès devait certifier la victoire de son rival démocrate.

Rassemblés ce jour-là à Washington pour l'écouter, certains de ses partisans s'étaient ensuite lancés à l'assaut du Capitole.

Les réseaux sociaux avaient réagi rapidement, en suspendant les comptes du milliardaire. Et le conseil de surveillance de Facebook, dont les décisions sont contraignantes, a jugé mercredi que l'ancien locataire de la Maison Blanche "avait créé un environnement où un risque sérieux de violence était possible" le 6 janvier.

Agée de 36 ans, Elise Stefanik avait voté ce même jour au Congrès contre la certification de la victoire de Joe Biden dans plusieurs Etats clés.

A l'issue d'un procès en destitution mené tambour battant en février au Congrès, Donald Trump avait été acquitté.

Liz Cheney "continue" d'affirmer "bêtement qu'il n'y a pas eu de fraude électorale", a tonné le magnat de l'immobilier mercredi, "alors qu'en fait, les preuves (...) démontrent le contraire".

L'annonce du soutien de l'influent ex-président à sa rivale survient tandis qu'un vote interne sur son maintien au poste de numéro trois pourrait survenir dès la semaine prochaine, lorsque les parlementaires républicains, en vacances, reviendront à Washington.

Les chefs républicains de la Chambre, Kevin McCarthy, numéro un, et Steve Scalise, numéro deux, ont déjà affirmé cette semaine que Liz Cheney ne disposait plus du soutien du groupe parlementaire.

- "L'Histoire nous jugera" -

Tandis que d'autres républicains visés par les attaques de l'ex-président évitent soigneusement de réagir publiquement, l'élue du Wyoming clame que Donald Trump, qui caresse l'idée de se représenter en 2024, ne devrait pas "jouer un rôle dans l'avenir" du pays.

Et c'est en appelant ses collègues, dans une tribune, à tourner le dos "au culte de la personnalité Trump" qu'elle a réagi mercredi à ses communiqués incendiaires.

Le parti "est à un tournant décisif", a-t-elle écrit dans les pages du Washington Post.

"Nous républicains devons décider si nous allons choisir la vérité" ou "rejoindre la croisade de Trump pour délégitimer le résultat" de la présidentielle.

"L'Histoire nous jugera".

Dans un contraste saisissant, les républicains pro-Trump courtisent le milliardaire chez lui, en Floride. Dernier en date: Ted Cruz, qui a posté mardi soir une photo des deux hommes, sourires aux lèvres.

En face, les défenseurs républicains de Liz Cheney sont rares. Elle "refuse de mentir", avait salué mardi soir le sénateur Mitt Romney, autre bête noire de Donald Trump.

Face à ces divisions, Joe Biden a estimé mercredi que les républicains étaient "au beau milieu d'une espèce de mini-révolution".

Pour donner aux électeurs les informations "venant directement du bureau de Donald J Trump", l'ex-président a lancé cette semaine un site reprenant ses communiqués.

Mais son impact reste loin de l'immense caisse de résonance qu'il trouvait sur Twitter, Facebook et Instagram, souligne Joshua Tucker, professeur à l'université de New York:

"Soyons clairs, si vous êtes Trump et que vous voulez avoir une influence en 2022 et (...) peut-être vous présenter en 2024, il vaut mieux être sur les réseaux sociaux."

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