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Mer d'Oman: un drone de reconnaissance pourrait avoir survolé un tanker japonais attaqué

Le survol du tanker japonais Kokuka Courageous par un "objet volant", peu avant une explosion contre sa coque le 13 juin en mer d'Oman, pourrait s'expliquer par l'emploi par ses agresseurs d'un drone de reconnaissance, ont indiqué des experts à l'AFP.

Selon le propriétaire du navire, Yutaka Katada, PDG de la société Kokuka Sangyo, l'équipage composé de marins japonais et philippins assure avoir repéré un "objet volant" non identifié qui a fait un passage autour du bateau, puis est revenu trois heures plus tard, au moment où une explosion s'est produite.

Les marins estiment avoir été "frappés" par l'engin volant, mais les experts et la marine américaine sont persuadés, sur la foi des traces laissées sur la coque et de fragments d'explosifs prélevés, que le navire a été saboté à l'aide de mines-ventouses, des armes classiques de la guerre marine, remontant à la Seconde Guerre mondiale.

Les Etats-Unis accusent l'Iran d'être responsable de l'attaque du pétrolier, ce que Téhéran dément.

"Quand on regarde les traces de l’explosion, ce n’est pas le choc d’un objet qui aurait percuté le bateau" explique à l'AFP le vice-amiral (à la retraite) Jean-Louis Vichot, ancien directeur du centre d'enseignement supérieur de la Marine française.

"C’est bien la trace d’une mine-ventouse, notamment celle qui n'a pas explosé. C’est une chose qui a explosé parce qu’elle était posée contre la coque" ajoute l'ancien officier, qui a également commandé les forces maritimes françaises dans le Pacifique.

"L'équipage a parlé d'un drone (...). Sans doute un engin envoyé en reconnaissance", précise-t-il.

- Systèmes antidrones -

La thèse d'un drone d'observation, envoyé autour de la future cible pour la repérer, l'identifier formellement et surveiller ses abords, est partagée par l'ancien chef d'un service français de renseignement qui, toujours soumis au devoir de réserve, demande à rester anonyme.

"Le ou les drones ont pu servir d’engins de surveillance pour détecter ceux des navires les moins surveillés et donc les plus vulnérables", dit-il à l'AFP. "C'est une technique classique de guerre asymétrique".

Peu après le survol, les agresseurs se sont ensuite certainement approchés du navire par l'arrière --pour éviter d'être repérés par les marins sur la passerelle--, ils ont posé discrètement leurs mines-ventouses et se sont éloignés, estiment les experts.

Les marins à bord ont donc pu, de bonne foi, penser que l'engin volant qu'ils avaient vu les avait percuté.

"Cela n'empêche pas qu'à terme des assaillants puissent utiliser des drones pour faire plus de dégâts", ajoute l'ancien chef d'un service de renseignement français.

"Dans la région, les Iraniens, par exemple, se proclament eux-mêmes la cinquième puissance mondiale en matière de drones", souligne-t-il.

"Les compagnies maritimes n’échapperont pas à la mise en place de mesures sécuritaires, voire défensives, si elles veulent continuer à opérer dans ces parages, comme ce fut le cas pour la piraterie", conclut-il.

Des systèmes de détection et de neutralisation des drones existent, mis au point par des sociétés à la suite des nombreuses alertes ou attaques menées avec ce type d'engins ces dernières années.

L'armée française a ainsi annoncé en mars l'achat de vingt systèmes appelés MILAD dans leur version militaire conçus pour détecter et neutraliser les drones, même de petite taille.

Mais ces systèmes, dont les performances restent à éprouver, représentent des investissements importants pour les armateurs civils.

"Ces systèmes de protection contre les drones, cela concerne la marine militaire" assure à l'AFP le général français (à la retraite) Pierre de Saqui de Sannes, longtemps conseiller pour la sécurité d'un important armateur. "Vous vous rendez compte s'il faut mettre ça sur les bateaux de la marine marchande? La répercussion du prix sur le transport des conteneurs?"

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