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Merkel à Pékin: Allemagne et Chine défendent le libre-échange

Angela Merkel a défendu le libre-échange jeudi au premier jour de sa visite à Pékin, alors que l'Allemagne comme la Chine sont dans le viseur du président américain Donald Trump pour leur excédent commercial massif vis-à-vis des Etats-Unis.

La chancelière allemande s'est entretenue avec le président Xi Jinping dans le cadre solennel du Palais du peuple, qui donne sur l'immense place Tiananmen.

Mme Merkel, qui en est à sa onzième visite en Chine depuis son arrivée aux affaires en 2005, a mis en avant les points de convergence avec Pékin sur les questions du nucléaire iranien et du protectionnisme, mais en évoquant aussi celle des droits de l'homme.

"La Chine et l'Allemagne avancent dans la promotion du multilatéralisme et du soutien au libre-échange", a-t-elle déclaré devant la presse à l'issue d'un entretien avec le Premier ministre chinois Li Keqiang.

"Nous pensons l'un comme l'autre que nos deux pays sont confrontés à plusieurs défis en termes de développement économique (...) Ces défis peuvent être relevés par la coopération mutuelle", a abondé M. Li.

"Nous devons aussi soutenir le processus de mondialisation et la libre circulation des investissements", a-t-il ajouté.

La visite de deux jours de Mme Merkel en Chine survient alors qu'Américains et Chinois sont parvenus la semaine dernière à s'entendre pour éviter une guerre commerciale, juste avant le déclenchement prévu de droits de douane punitifs sur les produits chinois aux Etats-Unis.

Mais les Européens redoutent que la détente sino-américaine se fasse à leurs dépens.

L'Allemagne, grosse exportatrice d'automobiles, pourrait ainsi subir de plein fouet une hausse des droits de douane sur les véhicules importés aux Etats-Unis, évoquée mercredi par Donald Trump lui-même.

- Yuan contre dollar? -

Outre le commerce, Mme Merkel espérait avancer à Pékin sur la question de l'accord sur le nucléaire iranien que l'Europe, la Chine et la Russie veulent sauver malgré la tonitruante sortie américaine.

Interrogée, la dirigeante allemande a reconnu que la décision de Washington pourrait profiter à des entreprises chinoises.

Si des entreprises européennes sont amenées à quitter l'Iran afin d'échapper à des sanctions américaines, "cela créera des opportunités pour des entreprises d'autres pays", a-t-elle relevé.

Le chef du gouvernement chinois a en revanche écarté l'idée de voir le yuan chinois remplacer à terme le dollar américain comme monnaie de règlement du pétrole iranien, une perspective évoquée afin de contourner les sanctions américaines.

"L'internationalisation du yuan est un processus à long terme qui est étroitement lié au développement de l'économie chinoise", a-t-il dit.

Mme Merkel a déclaré qu'elle avait évoqué la question des droits de l'homme avec ses interlocuteurs.

La chancelière a été appelée à soulever le cas de Liu Xia, la veuve du prix Nobel de la Paix Liu Xiaobo qui est de facto assignée à résidence depuis huit ans, sans jamais avoir fait l'objet d'une quelconque condamnation.

"Il y a de l'espoir que Merkel ramène avec elle Liu Xia en Allemagne, ce serait intelligent pour la Chine de la libérer maintenant", a écrit sur Twitter Sophie Richardson, directrice Chine de l'ONG Human Rights Watch.

Le dissident Liu Xiaobo est décédé d'un cancer l'an dernier alors qu'il était toujours en détention après avoir été condamné en 2009 pour "subversion".

Mme Merkel poursuit vendredi sa visite dans la ville de Shenzhen (sud), pour un déplacement consacré aux entreprises technologiques.

La chef du gouvernement allemand est accompagnée par une délégation de 18 responsables d'entreprises.

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