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Mexique: démission du ministre des Finances, en désaccord avec le président

Le ministre mexicain des Finances, Carlos Urzua, a démissionné mardi en avançant des désaccords en matière économique avec le gouvernement du président de gauche Andres Manuel Lopez Obrador.

"Des désaccords en matière économique, il y en a eu beaucoup. Certains s'expliquent par le fait que cette administration a pris des décisions sans aucun fondement", a écrit Carlos Urzua dans une lettre ouverte publiée sur Twitter.

M. Urzua a également dénoncé comme "inacceptable" le fait d'avoir "imposé (au sein du ministère) des fonctionnaires qui n'ont aucune compétence en matière de finances publiques".

"Cela a été encouragé par des personnages influents de l'actuel gouvernement avec, à la clé, un conflit d'intérêt évident", a-t-il ajouté, sans citer de nom.

M. Urzua, professeur de mathématiques et docteur en économie âgé de 64 ans, était en poste depuis le début du mandat de M. Lopez Obrador le 1er décembre.

AMLO, acronyme qui est le surnom du chef de l'Etat, a accepté la démission de Carlos Urzua et a nommé à sa place Arturo Herrera, jusqu'ici vice-ministre des Finances.

"Il (Urzua) n'était pas d'accord avec les décisions que nous sommes en train de prendre, mais nous nous sommes engagés à changer la politique économique qui a été imposée ces 36 dernières années", a déclaré M. Lopez Obrador peu après dans une vidéo.

"J'accepte la démission du ministre des Finances que je remercie pour son soutien et son respect (...) j'ai décidé de nommer Arturo Herrera", a-t-il ajouté.

Présent à ses côtés, le nouveau ministre, un ancien de la Banque mondiale, a annoncé son intention de travailler pour lutter contre les "inégalités".

Dans la foulée de la démission de Carlos Urzua, le peso mexicain perdait près de 1,36% face au dollar et la Bourse mexicaine 1,77% à la clôture des marchés.

Selon certains experts, cette démission pourrait déboucher sur un assouplissement de la politique fiscale, qui pourrait entraîner une hausse des dépenses publiques.

"L'économie s'est affaiblie durant la première moitié de l'année et pourtant la politique fiscale est restée contrainte", a souligné le cabinet Capital Economics. "Avec Urzua à l'écart, cela pourrait ouvrir la voie à un assouplissement de la politique fiscale", a ajouté Capital Economics.

D'autres se voulaient plus rassurants.

"La nomination rapide d'Arturo Herrera, qui connaît les mécanismes (économiques) et la vision économique du nouveau gouvernement, envoie un signal de confiance au public et plus particulièrement aux marchés", a déclaré à l'AFP Gabriel Casillas, analyste économique de la banque Banorte.

De son côté, le patronat mexicain a fait part de son inquiétude face aux tensions au sein du gouvernement.

"Nous sommes inquiets face aux tensions qui, nous le savons désormais, ont existé à l'intérieur du gouvernement à l'heure de prendre des décisions macroéconomiques, et surtout par rapport au fait qu'elles ont été prises sans fondement ni méthode", a déclaré Gustavo de Hoyos, le président de l'influente Confédération patronale mexicaine (Coparmex).

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