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Mondial-2018: Maroc-Iran, le match dans le match

Le Maroc et l’Iran se retrouvent face à face vendredi au stade de Saint-Petersbourg pour leur premier match du Mondial, une rencontre qui porte une forte charge géopolitique, entre la rupture de leurs relations diplomatiques et les sanctions américaines contre Téhéran.

Sur le plan sportif, ce match est décisif pour les deux outsiders, qui vont tenter de décrocher les trois points avant de se mesurer à l'Espagne et au Portugal, qui complètent le groupe B.

Si l'Iran et le Maroc ne se sont jamais affrontés en match officiel, l'historique de leurs relations est plus fourni, oscillant entre ruptures et timides rapprochement depuis la révolution islamique iranienne de 1979.

Le clivage est d'abord religieux, entre le Maroc sunnite et l'Iran chiite.

La question du Sahara occidental, grande priorité de la diplomatie marocaine, a accentué les tensions au fil des décennies. En 1980, Rabat a rompu ses relations avec Téhéran qui venait de reconnaître la République arabe sahraouie démocratique (RASD), proclamée par les indépendantistes du Front Polisario au Sahara occidental, un territoire que le royaume considère comme sien.

Le dernier coup de chaud remonte au 1er mai dernier: le royaume a de nouveau rompu avec Téhéran en l'accusant d'avoir, avec l'appui d'Alger et via son allié libanais le Hezbollah, aidé militairement le Polisario -ce que tous les intéressés démentent, en accusant les Marocains de faire le jeu de l'Arabie saoudite et des Américains.

- "Pas la même intensité" -

Jusqu'à la dernière minute, il n'a pas été possible de savoir si des représentants officiels du Maroc assisteraient au duel de Saint-Petersbourg. Côté iranien, Parvaneh Salahshouri, une députée qui milite pour le droit des femmes à assister aux matches, avait été la seule à faire savoir qu'elle comptait aller en Russie.

Mais finalement, aucun député iranien ne fera le déplacement "à cause de la situation économique en Iran" et parce que "l'opinion publique n'y est pas favorable", a fait savoir le chef du comité parlementaire sportif, Mohammad Reza Tabesh.

La brouille avec Rabat, elle, ne suscite aucun commentaire lié au match. Seul signe des tensions, l'Iran s'est abstenu jeudi lors du vote du congrès de la FIFA qui appelait à choisir entre le Maroc et le trio USA-Mexique-Canada porté par le "Grand Satan" américain pour l'organisation du Mondial 2026.

La "querelle irano-marocaine n'a pas la même intensité que celle ayant précédé le match de l'Iran contre les Etats-Unis en 1998", analyse le chercheur marocain spécialiste du sport, Moncef El Yaghzi.

L'image des deux équipes posant ensemble avec des bouquets de fleurs à la fin du match remporté par l'Iran (2-1) est restée comme un symbole fort de la "diplomatie sportive".

"Les matchs à enjeu politique sont généralement précédés par une charge médiatique, des tensions, des joutes verbales (...) ce n'est pas du tout le cas pour le match Maroc-Iran", soutient le chercheur marocain. "La dimension politique est beaucoup plus présente quand le Maroc joue contre l'Algérie", son voisin et rival, dit-il.

Sur la pelouse, les effets des sanctions américaines liées au dossier nucléaire iranien, seront immédiatement visibles: Nike a annoncé lundi sa décision de ne pas fournir de chaussures aux joueurs iraniens pour se conformer à la loi américaine.

"Nous sommes déçus.... ce jeu magnifique devrait être libéré de la politique", a commenté le compte twitter de Persian Football, un site de fans de foot.

Et même si ces sanctions ont compliqué les préparatifs des lions perses, l'entraineur portugais Carlos Queiroz est persuadé de pouvoir "étonner le Maroc", pour le premier match "du groupe le plus dur du Mondial 2018". "Je n'ai jamais vu dans toute ma carrière des joueurs donner autant après avoir reçu aussi peu", a-t-il dit cité par Persian Football.

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