Accueil Actu

Mondial-2019: Estelle Johnson, la Lionne du Colorado

Née au Cameroun, grandie au Colorado, élevée au soccer US, Estelle Johnson rassure la défense des Lionnes Indomptables du Cameroun. C'est aussi un sourire permanent, heureuse de participer à 30 ans à son premier Mondial sous les couleurs du pays d'origine de sa mère, Djenaba.

"Je suis heureuse de nature, j'aime le foot et tout ce qui va avec, mais disputer une si grande compétition me rend extra heureuse", explique Estelle Johnson à l'AFP, radieuse.

Le Mondial, "c'est encore meilleur que ce que j'imaginais", s'émerveille-t-elle avant de se frotter aux "Ferns" (Fougères) de Nouvelle-Zélande jeudi à Montpellier.

Jouer pour son pays de naissance, "j'y pensais depuis toujours, mais quand je les ai vues jouer la Coupe du monde 2015, j'ai vraiment voulu rejoindre l'équipe".

Elle est née à Maroua, au Nord-Cameroun, le 21 juillet 1988. Son père, ingénieur agronome, "voyageait en Afrique et aidait les paysans à apprendre comment améliorer un peu leurs récoltes", explique-t-elle.

- "Très reconnaissante" -

Mais revêtir le maillot vert a été long... Le sélectionneur Alain Djeumfa, arrivé en janvier, a ouvert un dossier qui prenait la poussière entre les ministères des Sports et des Relations extérieures, et les bureaux de la Fédération (Fécafoot) dans le quartier de Tsinga, à Yaoundé.

"Une fois +coach Alain+ en place, les choses ont coulé plus facilement, je lui en suis très reconnaissante", commente Johnson.

Mais Djeumfa le lui rend bien, car si la jeune femme a gagné la chance de disputer le Mondial, le Cameroun a trouvé une défenseure aux gestes sûrs.

"La Fécafoot a compris pourquoi je la voulais, explique à l'AFP Alain Djeumfa. C'est une fille d'une maturité dans le jeu à nulle autre pareille, elle est vraiment expérimentée, a une excellente lecture des situations, elle anticipe beaucoup et a une très bonne relance au pied", énumère-t-il.

"Estelle voulait revenir dans son pays d'origine, elle était très motivée. Maintenant elle est au Cameroun et nous sommes très fiers d'elle", poursuit-il.

L'intégration éclair s'est bien passée, avec une semaine au Cameroun en mai pour rencontrer ses coéquipières... "et manger la nourriture africaine, le ndolé", la spécialité du pays, à base de feuilles amères, raconte le coach.

- L'amour du foot -

"Oh oui, vraiment, rigole-t-elle, et toute la nourriture!"

"Elle s'est très bien intégrée", confirme Yvonne Leuko, latérale gauche, tout près d'elle sur le terrain, qui "lui dit merci d'avoir choisi le Cameroun".

"Les filles ont été incroyables, je me suis sentie très chaleureusement accueillie", se souvient Johnson.

Dans un pays bilingue, francophone et anglophone, la joueuse labellisée USA, qui joue au Sky Blue du New Jersey en WSL, la ligue professionnelle nord-américaine, s'est vite adaptée sur le terrain aussi.

"En match, j'essaie de communiquer en français, +droite+, +dans ton dos+, des choses comme ça, pas du très bon français, mais le message passe!" s'amuse Johnson.

Elle communique surtout son calme sur le terrain, patiné par 23 ans de pratique du foot depuis son arrivée aux États-Unis, à l'âge de 7 ans, à Fort Collins (Colorado).

Elle a tâté d'autres sports, "basket, volley et même base-ball, dans une équipe pleine de garçons, seule fille sur le terrain", rigole-t-elle.

Mais "plus je jouais au foot, plus mon amour pour ce sport grandissait. Cela a toujours été +LE+ sport pour moi". Depuis qu'elle a retrouvé le Cameroun, elle dit plus souvent football que "soccer".

Il reste à transposer toute cette énergie positive contre la Nouvelle-Zélande, après deux défaites contre le Canada (1-0) et les Pays-bas (3-1), et espérer.

"Il faut que les autres résultats tournent en notre faveur, de notre côté nous devons tout faire pour gagner jeudi, nous y croyons toutes", rugit la lionne du Colorado.

À lire aussi

Sélectionné pour vous