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Mondial-2019: le "miracle de Brighton", le jour de gloire du rugby japonais

Lors du dernier Mondial de rugby en 2015, une dernière action d'une audace folle offrait au Japon la victoire face à l'Afrique du Sud, une performance majuscule qui a propulsé le pays asiatique dans la cour des grands de l'ovalie.

Ce 19 septembre 2015 à Brighton, dans le sud de l'Angleterre, les Springboks mènent 32-29 dans les arrêts de jeu quand les "Brave Blossoms" japonais (les Fleurs valeureuses) obtiennent une pénalité qui, si elle était transformée, leur permettrait d'arracher le nul - un résultat déjà exceptionnel contre une nation deux fois championne du monde (1995 et 2007).

Au bord du terrain, leur entraîneur australien Eddie Jones leur crie de jouer la pénalité au pied, pour tenter de prendre les trois points. Contre toute attente, le capitaine Michael Leitch se rebiffe et opte pour une mêlée. Il veut chercher l'essai, synonyme de victoire, ou rien.

Eddie Jones enfouit alors son visage dans ses mains, n'osant plus regarder la suite. Mais le miracle se produit: au terme d'une action collective acharnée de quatre minutes, l'ailier nippon Karne Hesketh signe un essai en bout de ligne: victoire du Japon, 34-32!

"Ce jour là, Eddie et moi on prenait un café et il m'a dit: +Fais simplement ce que tu as envie de faire. Si tu hésites entre chercher les points (d'une pénalité, NDLR) ou botter en touche (pour viser un essai dans l'action suivante, NDLR), choisis simplement ce qui te semble le plus naturel+" se remémore Michael Leitch, interrogé par l'AFP.

"C'est probablement le meilleur conseil qu'Eddie m'ait jamais donné", ajoute-t-il.

- Le cinéma s'en mêle -

L'exploit a même inspiré un film, "Le Miracle de Brighton", dont la sortie est opportunément prévue juste avant le début du Mondial de rugby 2019 organisé au Japon (20 septembre - 2 novembre).

Les Japonais, toujours cornaqués par Michael Leitch mais désormais entraînés par l'ancien All Black Jamie Joseph, visent les quarts de finale de la compétition.

Avant d'en découdre avec la Russie, l'Irlande, les Samoa et l'Ecosse en phase de poules, le dernier test-match ce vendredi du Japon promet d'être croustillant, puisqu'il va retrouver l'Afrique du Sud à Kumagaya, au nord de Tokyo.

Il y a quatre ans, les Springboks s'étaient remis de leur défaite face aux Nippons en atteignant les demi-finales du Mondial. Mais cet accident de parcours avait laissé des traces dans l'équipe et avait été ressenti comme une humiliation nationale en Afrique du Sud.

"Ils ont fait un film sur la dernière fois qu'ils ont joué contre nous. A nous de faire en sorte qu'il n'y ait pas de suite", a récemment grincé le coach des Springboks Rassie Erasmus.

- Fini l'effet de surprise -

Car si le "miracle de Brighton" a gonflé le capital confiance des Brave Blossoms, il leur a aussi fait perdre un atout précieux: l'effet de surprise.

"Je ne suis pas sûr que l'on puisse encore surprendre une équipe" comme il y a quatre ans, a ainsi récemment admis Jamie Joseph. "La qualité du rugby japonais est désormais réputée".

Jusqu'au Mondial-2015 le Japon était plutôt le souffre-douleur de la compétition: en 1995, il avait notamment été haché menu 145 à 17 par la Nouvelle-Zélande. Et sa seule victoire en Coupe du monde remontait à 1991, contre le modeste Zimbabwe.

Après leur succès d'entrée face aux Springboks lors de la dernière édition, les Brave Blossoms avaient confirmé en battant aussi les Etats-Unis puis les Samoa. Mais une défaite face à l'Ecosse les avait privés de quarts de finale.

"A l'époque on ne savait pas à quel point il fallait travailler dur pour y arriver", commente aujourd'hui Michael Leitch.

Mais avec la méthode de Jamie Joseph, "les joueurs ont beaucoup plus de responsabilités, l'équipe est beaucoup plus impliquée dans ce que l'on fait", assure l'emblématique capitaine.

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