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Mondial-2026: le Maroc aura-t-il le droit de défier la candidature américaine ?

Le duel pour l'organisation du Mondial-2026 aura-t-il lieu? Le Maroc et le trio Etats-Unis-Canada-Mexique sont reçus mercredi au siège de la Fifa à Zurich pour un grand oral, ultime étape pour avoir le droit de soumettre leur candidature au vote final du 13 juin.

"Je suis très confiant, je pense que les gens de la Fifa sont professionnels, ils ont rencontré ici des gens tout aussi professionnels qui ont géré la candidature avec beaucoup d'attention", assure à l'AFP Moulay Hafid Elalamy, le président du comité de la candidature marocaine.

"Si on devait ne pas passer à l'étape suivante, il faudra qu'on nous explique pourquoi et de façon suffisamment convaincante", souligne le richissime homme d'affaire de 58 ans, à la tête du ministère de l'Industrie du Royaume depuis 2013, qui dit "pouvoir accepter les défaites sauf si elles ne sont pas méritées".

La "task Force", groupe de travail composée de cinq membres, peut, en théorie, écarter une candidature avant la désignation du ou des pays organisateurs lors du Congrès du 13 juin à Moscou, à la veille de l'ouverture du Mondial-2018 en Russie.

Selon une source proche du dossier, la décision de la commission d'évaluation doit être publiée "début juin, au plus tôt vendredi 1er juin".

- Visites et lettre à la Fifa -

Le Maroc, qui défend une candidature "africaine" face à "United 2026" pour l'organisation de la première Coupe du Monde à 48 équipes, a reçu ces derniers mois deux visites des inspecteurs, chargés d'évaluer les dossiers avec des notes sur différents critères -infrastructures, hébergement, transports, budget...

Mais le processus - qui garantit une "transparence totale" selon la Fifa - fait grincer des dents: le système de notation "ajoute de nouveaux critères techniques qui ne figuraient pas dans les prescriptions transmises initialement par la Fifa", fustigeait la Fédération marocaine début avril, dans un courrier dont l'AFP a eu copie.

Et d'ajouter que cette lettre a été transmise "le 14 mars à 16h18 soit moins de 24H avant le dépôt du dossier technique de la candidature marocaine" et "à peine plus de 48H avant la date limite réglementaire de dépôt du 16 mars 17H00".

De là à voir une volonté de favoriser "United 2026", notamment parce que les Etats-Unis et le Canada ont aidé Gianni Infantino à être élu président de la Fifa en 2016, comme l'ont évoqué certains défenseurs de la candidature marocaine ?

"Il y a peut-être cette idée de remerciement pour une aide apportée lors d'une élection, c'est possible. Mais je crois que pour Infantino, la logique est d'attribuer cette Coupe du Monde à 48 pays à de grands pays qui ne l'ont jamais eue, comme la Chine ou l'Inde, ou à des associations de pays car pour couvrir les frais il faut être à plusieurs", explique à l'AFP Paul Dietschy, historien du football.

"La question se pose de savoir s'il est raisonnable de donner la Coupe du monde au Maroc, pour construire des stades qui seront certes un peu moins des éléphants blancs qu'en Afrique du Sud mais qui risquent de l'être un petit peu", ajoute-t-il.

- Le 'business' ou la 'ferveur' ? -

Le Royaume, qui a annoncé un "investissement global" de 15,8 milliards de dollars (13,5 mds EUR), a anticipé une telle critique, en mettant en avant son souci de garantir un héritage avec les "stades modulaires", sur un modèle qui soit "récupérable et serve ailleurs".

Si le trio Etats-Unis/Mexique/Canada a promis "la Coupe du monde la plus lucrative de l'histoire" avec un revenu de 14 milliards de dollars (11,7 Mds EUR) pour la Fifa, contre un "net pour la Fifa de 5 milliards de dollars" du côté marocain, la candidature du Royaume mise sur des atouts, autres que purement financiers, pour faire la différence.

"La ferveur autour du football dans le pays et sur le continent" africain, "la proximité" avec des villes hôtes "ramassées" dans un rayon de 550 km, "à moins d'une heure de vol" les unes des autres, ou encore le système de visa "automatique" pour tous les fans, expose notamment M. Elalamy.

Suffisant pour convaincre la "task force" ? Le dernier oral en Suisse risque d'être décisif.

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