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Mondial de rugby: 1995, Lomu le All Black marche sur l'Angleterre

La demi-finale de Coupe du monde, samedi à Yokohama, entre l'Angleterre et la Nouvelle-Zélande, ravive le souvenir de Jonah Lomu, star du rugby et des All Blacks dans les années 1990 qui avait marché sur l'Angleterre lors de l'édition 1995, déjà dans le dernier carré.

En Afrique du Sud, il y a 24 ans, le monde a découvert Lomu, première vedette (et unique à ce jour ?) mondialement connue du rugby, au-delà du cercle des amateurs. Ces derniers ont vu débuter, un an plus tôt contre la France, cet alliage de puissance, vitesse et force brute (1,96 m, 116 kg), plus jeune international de l'histoire des All Blacks.

Un Ovni sur son aile en cette ère pré-professionnelle, que le grand public va apprendre à connaître et qui suscitera des vocations. Dont celle de Manu Tuilagi, actuel centre du XV de la Rose: "On regarde toujours les All Blacks aux Samoa (où il est né et a grandi). J'étais un grand fan de +Big Jonah+, de la façon dont il jouait, comme personne. C'est une légende de ce jeu. J'ai essayé d'être comme lui, mais personne ne peut l'égaler."

Les prédécesseurs de Tuilagi n'ont, eux, pu l'arrêter dès la deuxième minute dans cette demi-finale du Mondial-95 disputée au Cap le 18 juin 1995.

Lomu, tout juste 20 ans, reçoit une passe hasardeuse dans son dos, mais qu'importe: il récupère le ballon, accélère, raffûte son vis-à-vis Tony Underwood, échappe à une "cuillère" du capitaine anglais Will Carling qui le déséquilibre mais ne l'empêche pas de "culbuter" l'arrière Mike Catt, renversé comme une quille par une boule de bowling, pour inscrire le premier essai néo-zélandais.

Lomu en marquera trois autres pour porter son équipe vers la victoire (45-29) et à sept son total dans cette Coupe du monde. Ce qui fera dire à Carling, à l'issue de la rencontre: "C'est un monstre, et le plus tôt il arrêtera (sa carrière), le mieux ce sera."

- "Il était le rugby" -

Catt, pour sa part, sait gré à Lomu de l'avoir "placé sur la carte" du rugby avec ce roulé-boulé qui a fait le tour du monde et le "poursuivra pour toujours".

"Je reproche encore à Will Carling sa cuillère qui l'a déséquilibré et fait trébucher droit sur moi. Depuis l'école du rugby, on apprend à plaquer son adversaire en avançant et avec des appuis solides, mais la seule chose dont je me suis souvenu (sur le terrain), c'est de me retourner et voir Jonah aplatir. Il faisait 114 kg, moi 82. Le reste appartient à l'histoire", a raconté Catt, champion du monde 2003, à la BBC après la mort de Lomu, le 18 novembre 2015 à l'âge de 40 ans d'un arrêt cardiaque consécutif à une insuffisance rénale congénitale.

Lomu n'aura jamais soulevé le trophée Webb-Ellis, battu en finale en 1995 par l'Afrique du Sud, le pays hôte (15-12), puis par la France en demi-finale en 1999 (43-31).

Il laissera cependant le souvenir d'un joueur hors norme, auteur de 37 essais en 63 sélections jusqu'à sa retraite en 2002. Dont quinze en onze matches de Coupe du monde, record égalé (mais en trois éditions) par le Sud-Africain Bryan Habana en 2015.

Il laissera, aussi, le souvenir d'un homme charmant. "Il était fier, respectueux et désintéressé dans toutes ses actions. C'est triste qu'il n'ait jamais gagné la Coupe du monde. S'il y a bien une personne qui le méritait, c'est Jonah", affirme Catt, pour qui Lomu "était le rugby".

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