Accueil Actu

Mondial de rugby: le XV de France, faible face aux (supposés) faibles

Tonga 1999 et 2011, Fidji 1987 et 2018 ou encore Namibie 1999 ou Japon 2017: le XV de France a souvent éprouvé des difficultés, jusqu'à perdre, face à des nations inférieures sur le papier. Tentatives d'explications avant les deux matches de Coupe du monde face aux Etats-Unis, mercredi, et Tonga, dimanche.

La rencontre du Mondial-2011 face aux Tongiens, justement, reste probablement comme le plus beau fiasco de l'histoire récente du XV de France, battu à la surprise générale en Nouvelle-Zélande en poules (19-14).

Mais le passé tricolore est riche, en Coupe du monde ou non, de victoires arrachées au forceps, très longues à se dessiner ou de revers contre des équipes beaucoup moins prestigieuses. Le groupe actuel français doit se souvenir de novembre 2018 (14-21 face aux Fidji), novembre 2017 (23-23 face au Japon); les plus anciens du Mondial-1999 (23-13 à la mi-temps contre la Namibie) ou 1987 (16-7 à la pause contre les Fidji). Ou de ce match de tournée en juin 1999 perdu, déjà, face aux Tonga (20-16).

Les Néo-Zélandais, justement, et d'une manière générale les Anglo-Saxons, ne se privent pas d'écraser l'adversaire quand leur supériorité leur permet.

"C'est dans leur culture. Ils (les Néo-Zélandais) sont éduqués dans le respect de l'adversaire. Et respecter l'adversaire c'est l'aborder, quel qu'il soit, de la même façon. On le respecte en lui montrant qu'on est le plus fort. C'est un peu moins vrai maintenant, mais avant, ils tentaient toutes les pénalités qu'ils pouvaient, même à 27-0!" explique à l'AFP Denis Charvet, ancien international, présent au Japon comme consultant pour RMC Sport.

"Ce n'est pas dans notre culture d'aborder un match en disant +on peut en mettre 50 (points), on va en mettre 50+. On est dans la gestion, pas comme les Blacks ou les Anglais", abonde Christian Califano, autre ancien Bleu qui suit la Coupe du monde pour TF1.

- "Tout est lié à la peur" -

Les Français ne sont pas faits du même bois, moins rationnels, plus émotionnels. Ce qui leur permet, au pied du mur, de se dépasser pour accomplir des exploits, comme contre les All Blacks lors des Coupes du monde 1999 (demi-finales) et 2007 (quarts de finale).

Mais, revers de la médaille, lorsque cette peur disparaît, ils se relâchent. "Ton inconscient te dit +ça va être facile+ et tu n'as pas besoin de te remonter les pendules. C'est très très français", estime Charvet.

"Tout est lié à la peur. Elle est nécessaire chez le sportif de haut niveau, comme le trac pour le comédien ou pour un étudiant avant un examen. Si tu n'as pas peur face à un objectif, tu ne feras jamais rien", ajoute l'ancien centre, qui se souvient d'avoir "écrasé" la Roumanie 25 à 13 en 1986 à Lille. Les Roumains l'emporteront 4 ans plus tard à Auch (12-6)...

- Cercle vicieux -

Califano convoque lui le souvenir de la difficile victoire en poules au Mondial-1999 face aux Fidji (28-19) où lui et ses coéquipiers ont dû "attendre d'être en danger pour se faire mal".

Douze ans plus tôt, face à ces mêmes Fidjiens lors de l'édition 1987, Charvet and co avaient "une telle marge devant, qu'on savait que ça passerait à un moment donné. Inconsciemment, ce match on l'avait mal préparé".

Or, "tu ne peux pas jouer en dilettante au rugby" selon Charvet: "Tu as beau être supérieur techniquement, si tu n'y mets pas de la rigueur, ça ne marche jamais. Le rugby est un sport tellement collectif, et le collectif est tellement fragile, que si les les chaînons ne marchent pas ensemble, s'il n'y pas d'alchimie, ça ne peut pas marcher."

Inversement, quand le match est mal emmanché, un cercle vicieux s'installe, chacun y allant de son erreur, d'après Califano: "Il suffit qu'il y ait deux-trois ballons tombés pour que le doute s'installe et que ça s'enchaîne." Aux Bleus de 2019 de se débarrasser de cette sale manie.

À lire aussi

Sélectionné pour vous