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Mondiaux d'athlétisme: Allyson Felix, témoin doré

L'Américaine Allyson Felix, titrée dimanche avec le 4x400 m américain aux Mondiaux de Doha (elle a couru les séries), a écrit à Doha une nouvelle page de sa brillante carrière, entrée dans une dernière phase, celle de la transmission.

Les Américaines n'ont pas laissé le suspense s'installer et ont écrasé la course en 3 min 18 sec 92/100e devant la Pologne (3:21.89) et la Jamaïque (3:22.37).

Les Etats-Unis ont pu compter sur Phyllis Francis, les deux héroïnes du 400 m haies Dalilah Muhammad (or et record du monde) et Sydney McLaughlin (argent) puis sur Wadeline Jonathas, alors qu'Allyson Felix avait fait le boulot en séries samedi (avec le meilleur temps de toutes les engagées).

Felix (33 ans) complète ainsi la plus belle collection de médailles mondiales de l'histoire de l'athlétisme avec 13 titres, trois médailles d'argent et deux en bronze, du 100 au 400 m en passant par les relais.

En 16 ans de carrière au plus haut niveau, l'Américaine a également amassé six titres olympiques (5 en relais) et trois médailles d'argent.

Evoquer la Californienne, surnommée "Chicken legs" à ses débuts pour leur finesse dans le milieu musclé du sprint, suffit à ravir tout passionné d'athlétisme, rapport à sa foulée ample, fluide, incomparable, et au large sourire arboré en toute circonstance.

Mais comme un symbole, sa 13e médaille d'or s'est gagnée sans elle (elle a couru les séries du relais), car son retour sur les pistes n'avait rien d'évident.

- "Retourner aux Jeux olympiques" -

En novembre 2018, Allyson Felix donne naissance à sa fille Camryn, dans des conditions compliquées: après seulement 32 semaines de grossesse, l'accouchement se fait par césarienne, et la petite doit rester en soins néo-nataux.

Désormais maman, Allyson Felix ne revient à la compétition qu'en juillet 2019, juste à temps pour les sélections américaines. Là-bas, il n'y a aucun passe-droit, et même une immense championne doit gagner sa place sur la piste lors des impitoyables "Trials".

Loin de son meilleur niveau, Felix parvient à terminer 6e du 400 m et arrache sa place dans le relais. Ce sont ses premiers Mondiaux sans épreuve individuelle.

"Je suis en bonne santé, j'ai une famille, que pourrais-je demander de plus ? Et je peux toujours faire ce que j'aime", assure-t-elle.

Comme un symbole, la spécialiste des relais semble prête à passer le témoin à la génération future en profitant de sa stature pour s'engager.

En mai, elle épingle le tout puissant équipementier Nike, son sponsor depuis de nombreuses années, sur sa politique envers les athlètes enceintes: la rémunération dans son nouveau contrat avait été réduite de 70% pendant sa grossesse.

"Lorsque nous avons des enfants, nous risquons des baisses de rémunérations de la part de nos sponsors pendant et après la grossesse, écrit-elle dans un éditorial du New York Times. C'est l'un des exemples qui prouve que l'industrie du sport est toujours dirigée par et pour les hommes."

Ajoutant sa voix à celle de plusieurs autres athlètes, Felix fait rapidement plier la marque à la virgule qui jure qu'aucune athlète enceinte ne sera plus pénalisée financièrement.

A Doha, il semble que Felix soit entrée dans la dernière phase de sa carrière qui doit la mener jusqu'à ses 5e Jeux olympiques, à Tokyo en 2020.

"Je veux retourner aux Jeux olympiques. Je le souhaite plus que tout. Je veux décider moi-même de ma fin de carrière. Quelques sacrifices par ci, par là, ça vaudra le coup."

Pour son dernier tour de piste.

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