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Mondiaux d'athlétisme au Qatar: l'épineuse question de l'impact environnemental

Les Mondiaux d'athlétisme organisés au Qatar, et la Coupe du monde de football dans trois ans, avec ses stades climatisés, soulèvent les critiques des écologistes sur l'impact environnemental de tels événements dans un pays désertique.

Pour un pays déjà classé parmi les plus mauvais élèves de la planète en terme d'empreinte écologique, la question est loin d'être anodine. Car ces deux événements sportifs majeurs doivent servir de vitrine à ce petit émirat du Golfe, frappé par un boycott de la plupart de ses pays voisins.

Pour pouvoir accueillir ces deux événements, le Qatar a prévu d'équiper les huit stades qui accueilleront les rencontres du Mondial-2022 d'un système de climatisation. Un seul sera utilisé pour les mondiaux d'athlétisme, qui débutent vendredi, le Khalifa Stadium de Doha, où les athlètes évolueront sous 22 à 25 degrés pour une température extérieure à plus de 40 degrés.

- "Pas respectueuse de l'environnement" -

Cette performance technologique, très coûteuse en énergie, n'est a priori pas sans dommage collatéral pour l'environnement. Mais le Qatar l'assure: tout a été fait pour que le bilan carbone, à la fois des Mondiaux d'athlétisme et de la Coupe du monde de football, soit neutre.

Une affirmation à laquelle n'adhère pas l'organisation écologiste Greenpeace, qui insiste elle sur le coût énergétique de la climatisation des sites, le désalinisation qui en découle, tout en rajoutant à la facture les transports inévitables en avion, l'usage du plastique, etc.

"La climatisation autour des stades n'est pas respectueuse de l'environnement, elle ne fera qu'ajouter aux émissions", a averti la directrice exécutive de Greenpeace, Zeina el-Hajj.

L'architecte des systèmes de refroidissement des stades, le professeur d'ingénierie Saud Abdul Ghani, a reconnu que ces sites utilisaient "une bonne quantité d'énergie" et s'appuieraient sur des générateurs diesel de secours polluants en cas de coupure de courant. Mais il a également souligné que la réduction de la température du stade ne produisait qu'un cinquième des émissions produites pour refroidir des halls d'aéroports de taille similaire.

Pour cet ingénieur, même si les huit stades auront des toits ouverts, l'air froid ne sera pas gaspillé. "Nous pompons la quantité exacte d'air froid (...) - puis recyclons le tout."

Lors de la conférence sur le climat des Nations Unies à New York, le dirigeant du Qatar, l'émir Cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani, a assuré que le pays "s'était engagé à organiser" une Coupe du monde respectueuse de l'environnement et le premier tournoi neutre en carbone "grâce à l'utilisation de l'énergie solaire dans les stades et à l'utilisation de systèmes de refroidissement, d'éclairage et d'eau écoénergétiques".

- Énergie solaire -

Mais voilà. Selon Zeina el-Hadj, "aucun" système de refroidissement des huit stades n'est "pour l'instant" alimentée en énergie solaire. Le Khalifa Stadium n'est d'ailleurs pas encore alimenté par cette énergie.

Selon les dirigeants qataris, ce n'est qu'une question de temps.

Le directeur général de la Coupe du monde-2022, Nasser al-Khater, rappelle que le pays s'est engagé "à faire des centrales de production d'énergie solaire au Qatar avant la Coupe du monde".

"Grâce à l'utilisation de systèmes d'éclairage et de systèmes d'eau extrêmement durables, nous avons envisagé de produire de l'électricité pour ces stades", a-t-il déclaré. Il prévoit également de planter des milliers d'arbres pour compenser les émissions.

Paradoxalement, l'utilisation de panneaux solaires au Qatar ne semble pas forcément être la solution miracle.

"Les panneaux solaires ont du mal à fonctionner sous des températures élevées, car cela réduit leur efficacité, sans compter l'accumulation de poussière", a déclaré à l'AFP Mohammed Ayoub, directeur de recherche à l'Institut de recherche sur l'environnement et l'énergie du Qatar.

Le problème n'est donc peut-être pas encore vraiment réglé.

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