Accueil Actu

Mondiaux d'athlétisme: Coleman, prodige du sprint à l'image déjà brouillée

Christian Coleman est parvenu au sommet du sprint mondial à la vitesse de l'éclair, mais l'Américain de 23 ans n'a pas non plus perdu de temps pour voir son image abîmée par les soupçons, un sparadrap dont il aura plus de mal à se débarrasser que ses adversaires sur la piste.

La révélation fin août de ses trois manquements à ses obligations de localisation pour des contrôles antidopage a fait l'effet d'une bombe sur la planète athlétisme. Un halo de doute entoure désormais chacune des sorties du coureur d'Atlanta même si l'infraction n'a pas été caractérisée par l'Agence américaine antidopage. L'Usada s'est trompée sur une date, faisant passer la période des trois manquements à plus d'un an, à quelques jours près.

Mais le mal est fait et Coleman, à peine installé sur le trône du 100 m, doit désormais mener une bataille ardue pour prouver sa bonne foi et redorer un blason déjà largement écorné. Le premier sport olympique se cherchait une star et un successeur à Sa Majesté Usain Bolt au CV sans tache? Il doit désormais composer avec son parfait antithèse.

Là où le longiligne Jamaïcain (1,95 m) promenait son large sourire et aimait le contact avec les fans, le râblé Coleman (1,75 m) préfère adopter la posture du gros bras, mâchoire serrée et regard noir, n'hésitant pas à toiser ses adversaires. Une attitude encore accentuée depuis le déclenchement de l'"affaire".

Si Bolt était volubile et tactile, le dragster Coleman est un taiseux et s'épanche peu. Un caractère hérité de l'enfance: ses proches n'ont pas oublié qu'il avait été élu au conseil des élèves de son école primaire sans faire le moindre discours.

- Progression méthodique -

Coleman a toutefois dû se faire violence pour défendre son honneur, après l'annonce de ses trois défauts de localisation. Dans une video publiée sur internet, il n'a pas hésité à régler ses comptes avec l'Usada dans des termes peu diplomatiques.

"C'est une honte pour l'Usada que ce cas ait été rendu public et qu'ils demandent aux athlètes de suivre un règlement qu'ils ne comprennent pas eux-mêmes. Cette organisation est supposée protéger les athlètes, mais je me sens aujourd'hui comme une victime. Je travaille dur, je bois de l'eau et travaille encore plus dur le lendemain. De cette façon je n'ai jamais été contrôlé positif et ça n'arrivera jamais", a-t-il lancé, bravache.

L'histoire de Coleman avait pourtant idéalement débuté. Vice-champion du monde en 2017 à Londres à seulement 21 ans, l'ex-étudiant en management sportif de l'Université du Tennessee, qui a tâté du saut en longueur et a longtemps hésité à opter pour le football américain, a connu un parcours sans embûches jusqu'à son récent faux pas, avec une progression méthodique jusqu'à son couronnement au Qatar.

En 2018, il s'adjuge ainsi son premier titre sur la scène internationale sur le 60 m des Mondiaux indoor à Birmingham, quelques jours après voir dépossédé son compatriote Maurice Greene du record du monde de la distance (6 sec 34), et plus rien ne semble alors pouvoir arrêter l'ascension de celui qui a bouclé les trois dernières années avec la première place au bilan sur la ligne droite.

Les Championnats du monde à Doha font donc office de consécration pour l'Américain, devenu le 6e performeur de l'histoire (9 sec 76) après une prestation époustouflante en finale. Mais sa récente mésaventure est venue tout gâcher et restera comme une tache indélébile sur un CV jusqu'ici sans fioritures.

À lire aussi

Sélectionné pour vous