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Mondiaux d'athlétisme: pas de transpiration sous la chaleur de Doha ?

Malgré les inquiétudes suscitées par la chaleur, les Mondiaux d'athlétisme au Qatar devraient se dérouler pour les athlètes sous des températures modérées, grâce à un dispositif de climatisation progressive que les autorités défendent avec fierté.

Avant d'entrer dans le stade Khalifa, les athlètes s'échaufferont sur un terrain où la température atteint les 38°C et l'humidité avoisine les 50%. Mais ils parcourront ensuite les 150 mètres d'un tunnel de refroidissement unique en son genre, pour accéder à l'enceinte où la température sera maintenue autour de 23-25°C.

Ce dispositif, au bilan carbone certes questionnable, est présenté par les autorités du Qatar comme la preuve de leur capacité à maintenir les sites du Mondial-2022 de football à des températures confortables.

Les athlètes "auront un voyage thermique", assure ainsi Sébastien Racinais, responsable des recherches sur la santé et la performance des athlètes à Aspetar, le premier hôpital spécialisé en orthopédie et médecine sportive du Golfe, présenté par l'Emirat comme une des vitrines de sa modernité.

- Adaptations thermiques -

Un système informatisé préparera le corps des athlètes en abaissant la température par étapes au fur et à mesure qu'ils avanceront dans la passerelle souterraine éclairée qui mène au stade de 46.000 places.

Une descente en douceur : "il n'est pas bon d'avoir une température trop basse. La chaleur est bonne pour les sprinters mais c'est un stress supplémentaire pour les athlètes pratiquant un sport d'endurance", précise Sébastien Racinais.

Selon lui, les athlètes peuvent s'adapter à la chaleur et l'humidité extrême s'ils prennent le temps de s'acclimater. "L'espèce humaine est probablement celle qui a la meilleure capacité d'adaptation à la chaleur".

Après quelques jours d'entraînement, les athlètes subissent des adaptations thermiques, notamment une hausse du plasma entraînant une augmentation du volume sanguin qui, envoyé à la fois aux muscles et à la peau, peut les refroidir.

Une exposition répétée au climat local leur permettrait également de suer plus "en améliorant l'efficacité du refroidissement au niveau de la peau".

Le stade Khalifa, principal site des Mondiaux, a été inauguré en 1976 et a été entièrement rénové avant d'être relancé en 2017. Son système de refroidissement a été testé lors d'autres rencontres d'athlétisme, comme la Diamond League.

"Soyez assurés que nous veillons à la sécurité des sportifs et spectateurs", a récemment répété l'organisateur en chef des Mondiaux, Dahlan al-Hamad.

- Les sportifs de plus en plus attentifs -

Les organisateurs ont d'ailleurs radicalement modifié aussi le format de certaines courses, en déplaçant par exemple pour la première fois le marathon à minuit.

"Avant 2008 (aux JO de) Pékin, tout le monde disait qu'il était impossible de courir un marathon rapide à cause de la chaleur. Mais au final, Samuel Wanjiru a établi un nouveau record olympique de deux heures six minutes", rappelle M. Racinais. "On peut s'attendre à ce que ce soit un peu plus lent, mais pas dramatiquement."

Le sujet n'a pas fini de se poser. Les conditions des Mondiaux de Doha devraient être similaires à celles prévues lors des JO de l'an prochain au Japon, jugées très inquiétantes par certaines autorités médicales.

Est-ce la conscience de la réalité du réchauffement climatique ? Selon Aspetar, les sportifs de haut niveau accordent en tout cas de plus en plus d'importance à l'acclimatation à la chaleur.

Seulement 15% des athlètes des Championnats du Monde de Pékin 2015 s'y étaient préparés. Un an plus tard, ils étaient 38% aux Mondiaux de cyclisme à Doha.

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