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Mondiaux d'athlétisme: soirée de folie à Doha

Une ambiance de feu, des concours et des courses incroyables: l'avant-dernière journée des Mondiaux d'athlétisme a accouché d'une soirée inoubliable au Khalifa stadium, samedi à Doha.

Il aura donc fallu attendre la dernière ligne droite de la compétition pour voir ces Championnats du monde s'embraser après un démarrage plus que poussif sur la piste et dans les gradins. 24 heures après le record du monde de l'Américaine Dalilah Muhammad sur 400 m haies et la victoire du héros local Mutaz Essa Barshim à la hauteur, qui avaient déjà fait chavirer le public, l'atmosphère est restée électrique avec une enceinte solidement remplie et des performances de tout premier plan.

Le relais 4x100 hommes, le principal temps fort de la programmation, a tenu toutes ses promesses avec le retour au sommet des États-Unis. Après une disette de 12 ans aux Mondiaux, consécutive à l'avènement de la légende jamaïcaine du sprint Usain Bolt, les Américains ont profité du départ à la retraite de "La Foudre" en 2017 et de l'éclosion des deux bolides Christian Coleman et Noah Lyles pour refaire surface.

Avec Coleman, tout frais champion du monde du 100 m en premier relayeur, et Lyles, roi du 200 m en dernier, les USA et leur "dream team" n'avaient pas grand chose à craindre. Encore fallait-il amener le bâton à bon port et ne pas se faire de grosses frayeurs comme lors des séries, où la dernière transmission entre Michael Rodgers et Cravon Gillespie avait été plus que litigieuse, provoquant une réclamation du Canada et de l'Italie, finalement refusée.

- "Sur la lune" -

Mais tout s'est déroulé parfaitement pour les Américains (Coleman, Justin Gatlin, Michael Rodgers, Lyles), vainqueurs en 37 sec 10, soit le 3e chrono de tous les temps, et Coleman et Lyles peuvent repartir du Qatar avec deux médailles d'or chacun, symbole du come-back des États-Unis sur le trône du sprint, mais plus globalement de la domination des athlètes d'outre-Atlantique sur ces Mondiaux (11 médailles d'or jusque-là).

"C'est comme si j'étais sur la lune, a déclaré Coleman. Je savais que l'on avait le talent pour le faire. Pour ma part, je savais qu'il fallait que je donne le rythme sur le premier 100 m. Au final, on a fait un gros chrono. C'est vraiment dix jours très réussis."

Pour les Français (Amaury Golitin, Jimmy Vicaut, Meba-Mickaël Zézé, Christophe Lemaitre), tout est au contraire allé de travers, comme depuis le début des Mondiaux, puisqu'ils ont fait tomber le bâton dès le premier passage de témoin, entre Golitin et Vicaut. Christophe Lemaitre, qui avait fait l'impasse sur le 200 m et n'avait pas été aligné en séries du relais 4x100 m vendredi, avant d'être sélectionné pour la finale, n'aura donc disputé aucune course à Doha.

Sur le 4x100 m dames, il n'y a pas non plus eu de surprise avec l'écrasant succès de la Jamaïque de Shelly-Ann Fraser-Pryce (41 sec 44), elle aussi double médaillée d'or à Doha après sa victoire sur 100 m.

- Hassan indécente -

Au triple saut, la logique a également été respectée et Yulimar Rojas est restée la reine, deux ans après son couronnement à Londres. Si la Vénézuélienne, qui avait établi le 6 septembre la 2e meilleure performance de l'histoire (15,41 m), n'a pas amélioré le vieux record du monde de l'Ukrainienne Inessa Kravets (15,50 m, le 10 août 1995), elle a une nouvelle fois été intouchable avec un saut à 15,37 m.

La soirée a également été le théâtre d'un concours de folie au poids, sans doute le meilleur de l'histoire, avec quatre lanceurs à plus de 22 m. A ce petit jeu, c'est l'Américain Joe Kovacs qui a été le plus fort avec un dernier jet à 22,91 m, s'adjugeant un 2e titre après 2015 et devenant le 3e performeur de tous les temps, à égalité avec l'Italien Alessandro Andrei. Son compatriote Ryan Crouser, médaillé d'or olympique en 2016, et le Néo-Zélandais Tomas Walsh, sacré en 2017, ont échoué à un petit centimètre (22,90 m tous les deux).

Avec le nouveau succès de la Néerlandaise Sifan Hassan sur le 1500 m, l'athlétisme a en revanche été ramené à ses vieux démons. La protégée d'Alberto Salazar, suspendu quatre ans pour "incitation au dopage", s'est offert un doublé inédit aux Championnats du monde après avoir gagné le 10.000 m, survolant la course de manière indécente en menant le peloton avant de s'échapper à 300 m de l'arrivée. Plus personne n'a alors pu suivre le rythme infernal de la Néerlandaise, qui s'est imposée dans un chrono prodigieux de 3 min 51 sec 95, soit le 6e meilleur temps jamais enregistré.

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