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Mort d'Anthoine Hubert: Prost se souvient d'un pilote "réfléchi" et "mature"

Anthoine Hubert était "un esprit réfléchi, quelqu'un de mature et d'intelligent", se souvient le quadruple champion du monde de F1 Alain Prost, qui encadrait le jeune pilote de 22 ans, mort samedi lors d'une course de F2 à Spa, dans le cadre de la Renault Sport Academy.

Question: Anthoine Hubert arborait lors du dernier Grand Prix de France un casque évoquant le vôtre lors de votre carrière. Comment aviez-vous pris cet hommage?

Réponse: "Il y a toujours des rapports différents avec les jeunes pilotes. C'est l'un de ceux qui parlaient le plus et qui posaient le plus de questions. Il n'avait pas peur d'appeler. C'est certainement l'un des pilotes de l'Academy avec lequel j'ai le plus parlé sur le choix de son équipe en Formule 2. Il avait une implication au-delà de ce que les jeunes pilotes peuvent avoir aujourd'hui. Un esprit réfléchi, quelqu'un de mature et d'intelligent. Il était dans un mode qui correspond bien à ce que j'aime personnellement. Quand il a fait le casque, je n'étais même pas au courant. C'est toujours bien d'être un peu un exemple pour un jeune si on peut lui amener quelque chose et lui donner des conseils. Humainement, c'était quelqu'un de très sympathique, très intelligent".

Q: Vous n'avez jamais été grièvement blessé en course. Attribuez-vous cela à la chance, à un 6e sens?

R: "J'ai été blessé mais je n'ai jamais eu de grosses blessures. Quand je me suis cassé le scaphoïde, la première réflexion que je me suis faite c'est +On peut se faire mal en F1+. Que la blessure soit importante ou non, c'est la même chose, ensuite c'est la chance qui peut faire la différence. Quand je suis passé sous le rail de sécurité à Watkins Glen (un circuit aux Etats-Unis, ndlr), personne ne s'en souvient mais j'ai pris le pneu sur la tête et je suis resté quinze jours alité sans pouvoir bouger. La première chose que j'ai dite quand j'ai arrêté de courir c'est +Je m'en fous des titres et des victoires, l'important c'est que je sois là+. On peut dire que c'est le destin, mais il faut de la chance. Après, peut-être qu'à notre période, quand on voyait un truc qui allait se passer, on freinait, on ralentissait. Aujourd'hui, le fait que les voitures soient très sûres, il y a un peu une tendance à garder le pied au plancher".

Q: Pensez-vous que la "génération Playstation" de jeunes pilotes a moins conscience des dangers du sport automobile ?

R: "A partir du moment où on augmente la sécurité partout... On le voit bien sur les images (de l'accident d'Hubert ndlr.) les pilotes restent à fond. Ici même en F1 il y a quelques années, une voiture s'est retrouvée au milieu de la piste et on en voit deux autres de chaque côté et il n'y a pas un mec qui ralentit. C'est un peu cette tendance mais il faut aussi faire très attention à ne pas généraliser. Cette génération voit des gros crashes où il n'arrive jamais rien, jusqu'au moment où les circonstances font que c'est plus grave".

Propos recueillis lors d'un point-presse

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