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Mort du célèbre éditeur Jean-Claude Lattès

L'éditeur Jean-Claude Lattès, qui a donné son nom à une célèbre maison d'édition et publié des succès comme "Un sac de billes" ou "Louisiane" mais aussi l'autobiographie de Jacques Mesrine "L'instinct de mort", est mort samedi à l'âge de 76 ans.

Le décès de l'éditeur, né le 3 septembre 1941 à Nice, a été annoncé à l'AFP par le journaliste littéraire Bernard Pivot qui était son ami.

Emmanuel Macron a rendu dimanche hommage à "un des grands découvreurs d'écrivains populaires de notre temps". "Pour Jean-Claude Lattès, la littérature populaire devait savoir trouver le chemin vers ses lecteurs sans jamais transiger sur la qualité littéraire", a-t-il souligné dans un communiqué.

Jean-Claude Lattès avait "un don probablement lié à ses débuts dans le journalisme pour repérer des talents éclectiques", a rappelé Bernard Pivot. C'était un éditeur "dynamique, imaginatif et qui savait garder ses écrivains", a-t-il ajouté.

Jean-Claude Lattès a notamment publié des best-sellers comme "Un sac de billes" de Joseph Joffo en 1973 ou "Louisiane" de Maurice Denuzière en 1977. Parmi ses succès, il a aussi édité "Le Nabab" d'Irène Frain ou Amin Maalouf ("Léon l'Africain").

L'éditeur avait revendu sa maison d'édition à Hachette au début des années 80 et "ne s'occupait plus depuis longtemps" de cette maison créée avec son épouse Nicole, a rappelé Bernard Pivot.

Jean-Claude Lattès s'était lancé en 1968 dans l'édition avec "Édition Spéciale", créée avec le romancier et parolier Jacques Lanzmann, avec comme objectif la publication de livres événement dont le premier sera "Ce n'est qu'un début" sur Mai 68. Trois ans plus tard, il crée les éditions portant son nom.

- 'Homme de flair' -

Cet ancien élève de l'École supérieure de commerce de Paris avait notamment travaillé pour les pages culturelles de Combat dans les années 1962-63. Il avait ensuite été collaborateur de "Candide" et des Nouvelles Littéraires puis chef du service promotion des éditions Robert Laffont.

Avec son tempérament batailleur, Lattès incarnait une nouvelle race d’éditeurs. Il avait publié en 1977 le livre autobiographique de Jacques Mesrine, "L'Instinct de mort", qui avait provoqué, sur plainte du parquet, l’ouverture d’une information contre X et une perquisition chez l’éditeur.

Le juge d’instruction voulait établir dans quelles conditions le manuscrit avait pu sortir de prison. Jean-Claude Lattès dira l'avoir reçu "anonymement".

La publication de cet ouvrage, dans lequel Mesrine se vantait d’avoir commis 39 crimes, avait à l'époque heurté une partie de l'opinion publique, qui trouvait choquant qu'un criminel puisse gagner de l'argent grâce au récit de ses méfaits.

Pour l'éditeur, ce livre était un "document exceptionnel". "Il s'agit d’un témoignage hors série qui contribue à faire connaître l'un des aspects principaux de notre époque: la violence", avait-il fait valoir.

Mais après avoir été l'objet de menaces de l'auteur, Jean-Claude Lattès décidait en 1979 de ne plus diffuser le livre de Mesrine. À cette époque, par précaution, l'entrée des éditions Lattès faisait l'objet d'une surveillance.

De 1981 à 1991, Lattès devenu directeur du groupe livre Hachette chapeaute les filiales du groupe : Hachette, Grasset, Stock, Lattès, Fayard.

L'actuel PDG d'Hachette Livre, Arnaud Nourry, a salué dimanche la mémoire d'"un des grands éditeurs de sa génération, celle qui contribua à donner à la littérature populaire ses lettres de noblesse dans les années 70".

"Homme de +coups+, homme de flair", Jean-Claude Lattès fut à la tête du groupe Hachette, "le premier à avoir eu l’intuition que le développement international serait la clé de notre croissance future", a souligné Arnaud Nourry. En 1979, Jean-Claude Lattès avait été le premier éditeur français à créer une filiale aux États-Unis.

L'éditeur a quitté Hachette à "la suite de divergences avec la direction sur la création d'une nouvelle forme de vente type France-Loisirs", rappelait dimanche Laurent Laffont, patron des éditions JC Lattès, qui n'avaient plus de lien avec leur fondateur.

"Il a laissé un catalogue et un héritage qui manifeste de son extraordinaire curiosité dans tous les domaines, sans aucun préjugé", a déclaré à l'AFP Laurent Laffont.

L'éditeur, père de deux garçons et qui s'était installé dans un vignoble en Provence, a écrit deux romans avec Éric Deschodt: "Le Seul Amant" et "Marguerite et les enragés" ainsi qu'une biographie sur un roi méconnu, Agrippa, "Le Dernier Roi des Juifs" (Nil Editions, 2012).

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