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Musée juif de Bruxelles : l'accusation brandit "23 éléments" contre Nemmouche

Septième semaine de procès, Mehdi Nemmouche tripote sa barbe, sourcils froncés vers l'avocat général, sa robe rouge, sa liste accablante : "23 éléments" qui prouvent, selon l'accusation lundi, qu'il est bien l'auteur de la tuerie du musée juif de Bruxelles.

"En 27 ans de carrière, j'ai rarement vu autant d'éléments à charge d'un accusé qui persiste à nier", résume d'une voix douce Bernard Michel, l'un des deux procureurs de la cour d'assises, dans ce réquisitoire qui doit s'achever mardi.

Il décline sa liste : empreintes ou ADN sur les armes, vidéos de revendications où l'on reconnaît sa voix, témoins oculaires, téléphonie, déclarations "auto-incriminantes", morphologie similaire à celle du tireur sur la vidéosurveillance, attitude calme et parfois "caustique" depuis son arrestation...

Tout semble désigner le jihadiste français, arrêté à Marseille (sud de la France) le 30 mai 2014, six jours après les quatre assassinats commis au musée juif, en possession du revolver et de la kalachnikov utilisés, mais aussi, entre autres, de la veste bleue et de la casquette du tireur, avec son seul ADN.

"Le hasard a ses limites", ironise le magistrat, pour qui "le petit Poucet" Nemmouche n'a pas laissé "des miettes" derrière lui, ni même "des cailloux", mais "de très belles briques".

Et il fustige le mutisme de l'accusé, qui avait annoncé "un grand déballage", mais "sera resté dans un silence aussi indécent que provocateur" pendant son procès. Un silence qui "fait écho", poursuit-il, au "silence lourd, interrogateur, d'effroi, d'incompréhension" du 24 mai 2014.

Présent sur les lieux après la tuerie, Bernard Michel se remémore cette "vision dramatique, horrible, trois corps étendus sur le sol et une flaque de sang là où une quatrième victime a été abattue".

Aux yeux du parquet fédéral belge, l'attaque est la première commise en Europe par un combattant jihadiste de retour de Syrie, un an et demi avant les sanglants attentats du 13 novembre 2015 à Paris (130 morts, des centaines de blessés).

- "Profondément stupide" -

Nemmouche, 33 ans, un délinquant multirécidiviste radicalisé en prison, nie être le tueur, mais refuse de s'expliquer depuis cinq ans. Il encourt la réclusion à perpétuité pour ces "assassinats à caractère terroriste".

La semaine passée, les avocats des parties civiles ont déjà mis en avant les preuves "accablantes" contre le Français, mais aussi éreinté la stratégie "complotiste" de sa défense.

Car selon ses avocats, la tuerie n'est pas une attaque du groupe Etat islamique (EI), mais "une exécution ciblée d'agents du Mossad" (les services secrets israéliens) visant un couple d'Israéliens, les époux Riva, les deux premières des quatre personnes abattues ce jour-là au Musée juif.

Quant aux images de vidéosurveillance, elles ont selon eux été truquées par les enquêteurs pour confondre leur client.

"C'est profondément stupide", "choquant et scandaleux", a répondu lundi Yves Moreau, le deuxième procureur. "Personne n'a trafiqué quoi que ce soit", jure celui qui qualifie la thèse de la défense d'"incroyable cinéma".

"Pour essayer de faire croire que cet homme (Nemmouche, ndlr) est innocent, la défense n'hésite pas à salir et à piétiner la réputation et l'honneur des gens", regrette-t-il, avant de conclure : "à chacun ses méthodes et sa déontologie personnelle".

La thèse de la défense a été très peu étayée pendant les six semaines de débats. Mais Sébastien Courtoy - absent lundi - et Henri Laquay, qui défendent Nemmouche, ont promis d'y revenir durant leur plaidoirie prévue jeudi.

Ils auront fort à faire pour convaincre le jury de son innocence car les principaux arguments qu'ils ont soulevés, notamment l’absence d'ADN de Nemmouche sur la porte du musée, ont été battus en brèche par enquêteurs et experts venus témoigner.

Au procès comparaît également Nacer Bendrer, 30 ans, un délinquant marseillais accusé d'avoir fourni les armes à Nemmouche. Lui nie toute implication.

"Il est complice, pas co-auteur", ont considéré lundi les deux procureurs.

Le verdict, qui sera rendu début mars par trois magistrats et douze jurés, ne sera pas susceptible d'appel.

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