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Mystère autour de la disparition en Norvège d'un collaborateur de WikiLeaks

Des effets personnels retrouvés dans un fjord, un téléphone portable localisé à un millier de kilomètres de là... La police cherche à percer le mystère de la disparition en Norvège d'un collaborateur néerlandais de WikiLeaks, une affaire qui entretient les fantasmes sur la toile.

Expert en cybersécurité de 47 ans, Arjen Kamphuis a été vu pour la dernière fois le 20 août, quittant l'hôtel Scandic de Bodø, dans le nord de ce pays scandinave, où il venait de passer des vacances.

Depuis, plus de nouvelles... Arjen Kamphuis n'a pas embarqué dans l'avion qui devait le ramener le 22 août de Trondheim, à plus de 700 kilomètres de Bodø, aux Pays-Bas.

Il n'en fallait pas plus pour que les réseaux sociaux y voient la main de la CIA, de la Russie ou encore une disparition délibérée d'un expert en dissimulation pour réaliser un projet secret au profit de Julian Assange.

Car WikiLeaks décrit l'expert comme un associé de ce dernier, le fondateur australien de cette organisation à la réputation sulfureuse, réfugié depuis six ans dans l'ambassade d'Equateur à Londres pour échapper à des poursuites judiciaires aux Etats-Unis.

WikiLeaks, qui s'est notamment distingué en publiant des documents embarrassants pour la diplomatie et l'armée américaines, a qualifié la disparition d'"étrange".

Saisie fin août, la police norvégienne dit travailler sur trois théories : une disparition volontaire -y compris un possible suicide-, un accident ou un acte criminel.

"Nous n'avons pas suffisamment progressé dans l'enquête pour pouvoir éliminer ou confirmer une de ces trois théories", a déclaré mercredi à l'AFP l'inspecteur Bjarte Walla. "Nous gardons toutes les possibilités ouvertes".

- Puzzle complexe -

Les quelques pièces du puzzle recueillies jusqu'à présent par les enquêteurs ajoutent de l'épaisseur à l'énigme.

Un pêcheur a retrouvé mardi soir des objets flottant dans l'eau d'un fjord, à une cinquantaine de kilomètres à l'est de Bodø, a annoncé la police, qui se dit "sûre qu'(ils) appartiennent au disparu" même si elle refuse d'en divulguer la nature pour les besoins de l'enquête.

Selon elle, le Néerlandais a vraisemblablement pris le 20 août un train reliant Bodø à Rognan, une ligne près de laquelle ces effets ont été découverts. Des opérations de ratissage à terre et dans l'eau sont en cours.

Détail troublant, l'enquête avait auparavant fait apparaître qu'un téléphone attribué à Arjen Kamphuis avait émis un signal dans la soirée du 30 août près de Stavanger (sud-ouest), à plus de 1.000 kilomètres à vol d'oiseau de là.

Des cartes SIM allemande et néerlandaise enregistrées à son nom y avaient été introduites "en l'espace d'une heure", selon la police, qui ne peut cependant affirmer que c'est bien Arjen Kamphuis qui l'avait activé.

Bizarre ? "On peut le dire", reconnaît Bjarte Walla. "Mais on doit garder l'esprit ouvert (...) jusqu'à ce qu'on ait fini d'évaluer les différents renseignements en notre possession et déterminé la façon dont ces renseignements sont liés ou pas entre eux".

Lundi, deux enquêteurs néerlandais sont arrivés en Norvège pour prêter main forte à leurs collègues norvégiens dans leurs recherches du disparu qui, selon des photos circulant sur les réseaux sociaux, porte de fines lunettes, des cheveux blonds mi-longs et une fine barbe.

Selon une amie d'Arjen Kamphuis, il n'y avait "absolument aucun signe qu'il voulait disparaître".

"Au contraire, il avait plein de projets tant privés que professionnels", a confié Ancilla van de Leest à l'AFP.

Pour elle, les liens entre Arjen Kamphuis et WikiLeaks ont été "fortement exagérés dans la presse". "Il aide des organisations en leur fournissant des conseils en sécurité informatique", y compris WikiLeaks, a-t-elle précisé.

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