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Nancy Pelosi, une dernière fois dans le rôle de première opposante à Donald Trump

D'un geste spectaculaire, Nancy Pelosi déchire le discours que Donald Trump vient de prononcer devant le Congrès: l'image a marqué les esprits et résume parfaitement le rôle de première opposante au président républicain que la démocrate a endossé mercredi pour la dernière fois.

C'était il y a près d'un an, en février. Le 45e président des Etats-Unis venait de terminer son discours sur l'état de l'Union, après avoir, lui, esquivé la main tendue de la présidente de la Chambre des représentants.

La rupture entre deux des principaux protagonistes de la vie politique américaine des quatre dernières années était déjà consommée, alors que Donald Trump s'apprêtait à être acquitté, au Sénat, au terme d'une infamante procédure en destitution lancée par la Chambre.

Mercredi, l'histoire bégaye.

Comme en décembre 2019, Nancy Pelosi a fait retomber son maillet pour signifier la mise en accusation de Donald Trump, cette fois pour l'assaut donné la semaine dernière par ses partisans sur le Capitole. Un second "impeachment" express et inédit pour un président américain -- même s'il intervient à une semaine de son départ de la Maison Blanche et de l'investiture de son successeur démocrate Joe Biden.

Sans ciller, et au pas de charge, elle a accusé le milliardaire d'avoir "incité une insurrection meurtrière contre l'Amérique". "Il doit partir, il est un danger évident et immédiat contre la nation", a-t-elle martelé mercredi.

- Habile tacticienne -

A 80 ans, la députée de Californie vient d'être réélue présidente de la Chambre des représentants, de justesse et malgré les réticences de certains à la gauche du parti démocrate.

Ce pourrait être son dernier mandat à ce perchoir stratégique auquel elle fut la première femme à accéder, de 2007 à 2010, et qu'elle a retrouvé en 2019 en devenant de facto la cheffe de l'opposition à Donald Trump.

Habile tacticienne, "Madam Speaker", qui arpente le Congrès depuis 1987 et connaît par coeur les arcanes du pouvoir, sait s'adapter aux événements.

Après l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche en 2017, elle est longtemps restée sourde aux appels en faveur d'une procédure de destitution, y voyant un pari risqué avant la présidentielle de 2020.

Mais elle s'y est ralliée sans broncher en 2019 dans l'affaire ukrainienne, estimant que l'ex-promoteur immobilier devait "rendre des comptes" pour avoir violé la Constitution.

Malgré l'échec final au Sénat il y a un an, elle a encore moins tardé cette fois-ci à relancer l'"impeachment" après les violences du 6 janvier.

Dans une savante répartition des rôles, elle reste celle qui mène l'offensive politique -- politicienne, déplore-t-on à droite --, quand le futur président Biden, élu sur la promesse de réconciliation et de coopération avec les républicains modérés, évite de mettre les mains dans ce cambouis.

La "complicité" des républicains "met en danger l'Amérique, sape notre démocratie et cela doit cesser", a encore tonné lundi Nancy Pelosi, qui fait pourtant figure de modérée dans son fief de San Francisco et face à la remuante aile gauche démocrate.

- Accusations d'arrogance -

Troisième personnage de l'Etat après le président et le vice-président, elle a tenu tête, avec son homologue démocrate au Sénat Chuck Schumer, au tempétueux président républicain qui la prend régulièrement en exemple pour dénoncer les maux de Washington. Et au chef de file des sénateurs républicains Mitch McConnell, avec lequel elle a longuement bataillé pour négocier plusieurs plans de sauvetage cruciaux depuis le début de la pandémie.

D'autres conservateurs dénoncent l'"arrogance" et le niveau de vie hors-sol de cette épouse d'un homme d'affaires millionnaire.

Mère de cinq enfants, Nancy D'Alesandro est née le 26 mars 1940 à Baltimore dans une famille italo-américaine catholique. Son père et son frère ont été maires de cette grande ville industrielle du nord-est du pays.

Diplômée du Trinity College de Washington, elle s'installe ensuite à San Francisco avec son époux, Frank Pelosi, qui fait fortune.

Elle gravit les marches du parti démocrate et remporte à 47 ans sa première élection à la Chambre.

Pour réussir dans le monde politique américain, il faut être capable de "prendre des coups", dit cette petite femme hyper active qui garde la forme en faisant de la marche rapide le long du fleuve Potomac.

"Je ne me sens pas forcément haïe. Je me sens respectée. On ne me critiquerait pas si je n'étais pas efficace", avait-elle confié au magazine Elle.

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