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Nasser Al-Khelaïfi: "je n'ai rien à cacher" 

"Je n'ai rien à cacher": Nasser Al-Khelaïfi, président de beIN Media et du Paris SG, a été entendu mercredi à Berne par la justice suisse, qui le soupçonne d'avoir corrompu Jérôme Valcke, ex-N.2 de la Fifa, pour l'attribution de droits TV de deux Coupes du monde.

C'est en qualité de patron de beIN Media que le Qatari de 43 ans s'est expliqué durant toute la journée, après une arrivée discrète vers 09h30 qui lui a permis d'échapper à la vingtaine de journalistes, dont l'AFP, présents devant le bâtiment judiciaire.

Puis, avec un sourire, ce proche de l'émir du Qatar a fait sa première déclaration publique dans cette affaire, devant la presse, vers 18h30 françaises: "J'ai demandé à venir en Suisse pour donner mes explications, je n'ai rien à cacher, je suis disponible pour le procureur général s'il veut me revoir, je suis venu tranquille, je repars très tranquille".

La longueur de l'interrogatoire, à partir de 09h45, s'explique par des besoins de "traduction" mais "aussi en raison des nombreuses questions que nous avons et des réponses que nous souhaitons avoir de la part du prévenu", selon André Marty, représentant du ministère public de la Confédération (MPC).

Il y avait "une bonne douzaine de personnes présentes dans la pièce" pendant l'audition, "entre les avocats de toutes les parties concernées (dont un de la Fifa, ndlr), le prévenu et deux procureurs du MPC", toujours selon ce porte-parole.

"Le statut de M. Al-Khelaïfi, selon le loi suisse, ne change pas. La première audition s'est terminée mais c'est évidemment possible, comme dans toutes les procédures, de faire une autre audition; mais pour l'instant, rien n'est prévu", a-t-il aussi déclaré.

"M. Al-Khelaïfi a repondu aux questions. C'est toujours un plaisir de ne pas se retrouver dans un confrontation totale", a aussi souligné M. Marty, précisant que la procédure se faisait en lien avec le "groupe de travail sur le football" propre à la justice suisse.

La suite ? Sans se hasarder au moindre "pronostic", M. Marty a rappelé que "d'habitude, de telles enquêtes prennent des années et des années, pas seulement des mois; facilement de trois à cinq ans".

- Villa sarde saisie -

L'affaire a éclaté le 12 octobre, quand la justice suisse a révélé l'ouverture d'une enquête pour "corruption privée" présumée dans l'attribution des droits médias des Coupes du monde 2026 et 2030, visant Al-Khelaïfi, corrupteur présumé, et Valcke, corrompu présumé.

Mais ce n'est pas le début de l'histoire. Le MPC a en réalité lancé sa procédure le 20 mars 2017, une enquête qui a conduit à une opération "coordonnée", menée simultanément en France, en Grèce, en Espagne et en Italie.

Pour le volet français, le 12 octobre, les bureaux parisiens de la chaîne de télévision qatarie beIN Sports ont été perquisitionnés par les services du parquet national financier (PNF) français.

Le lendemain, une villa à Porto Cervo, marina de carte postale en Sardaigne, estimée à 7 M EUR, a été perquisitionnée et saisie par la police italienne. Cette dernière soupçonne que cette résidence "constitue le +moyen de corruption+ utilisé par Nasser Al-Khelaïfi (...) à l'encontre (de Jérôme Valcke) pour acquérir les droits télévisés" incriminés.

Me Francis Szpiner, l'avocat du Qatari, avait expliqué mercredi dernier à l'AFP que son client "contestait toute corruption" et "souhaitait être rapidement entendu à sa demande par le ministère public de la Confédération suisse".

- Contrat "le plus avantageux possible" -

Les grandes lignes de défense de celui que tout le monde appelle "Nasser" dans le milieu du ballon rond sont connues: son entourage affirme que beIN Media n'avait pas de concurrent pour les zones Afrique du Nord et Moyen-Orient. Et un porte-parole du groupe audiovisuel a soutenu à l'AFP que le contrat passé était "le plus avantageux possible" pour la Fifa.

Valcke, déjà entendu par la justice suisse, s'est également défendu de tout délit ou infraction. "Je n'ai rien reçu de Nasser", a clamé dans L'Equipe le Français de 57 ans, déjà suspendu, par la Fifa, pour dix ans de toute activité liée au football, dans d'autres affaires.

"Nasser" n'est pas seulement visé par la justice civile suisse. La justice interne de la Fifa a dévoilé le 13 octobre l'ouverture d'une enquête préliminaire concernant le boss de beIN Media.

Interrogé ce mercredi en conférence de presse, Unai Emery, l'entraîneur du PSG, a simplement dit: "Il était dimanche avec nous à Marseille (pour le clasico du championnat de France), nous avons parlé avant le match et un peu après. Nous parlons de foot. Moi-même et l'équipe avons toute confiance dans le président. Il est tranquille".

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