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Niamey expose les trésors du Niger, carrefour culturel et humain

Bijoux touaregs, couvertures tissées, calebasses, talismans... le Centre culturel franco-nigérien (CCFN) et le musée national Boubou Hama accueillent dans le cadre du sommet de l'Union africaine à Niamey une exposition inédite, "Trésors du Niger", mettant à l'honneur le patrimoine culturel du pays jusqu'au 31 octobre.

"Le sommet est une vitrine politique mais cette exposition est une vitrine culturelle", affirme Olivier Lange, le directeur du CCFN. "On a tendance à enfermer le Niger et cette région (dans le carcan jihadiste). Avec cette exposition, on veut montrer que c'est un carrefour culturel et humain et pas un verrou ou une enclave".

Autre originalité, "les pièces sont exposées à côté de photos les montrant dans leur contexte. On a des photos de femmes portant des bijoux ou de tentures de mariage accrochés aux murs", souligne Olivia Marsaud, une des commissaires.

Clou du spectacle, les 200 bijoux touaregs de la collection Masnat. "Chaque bijou est unique, c'est ce qui fait la beauté de l'artisanat touareg", souligne le député Mohamed Ibrahim, un des deux personnages à l'origine de la collection.

"Quand vous dites à un artisan de vous faire un bijou et que vous lui dites de vous faire le même parce que vous êtes contents, ça ne sera jamais le même! Le ciselage n'est pas le même, la forme ne sera jamais la même!", explique-t-il.

- "Véritable instruction" -

"Dans les années 1998-1999, on s'est rendu compte avec un ami que si on ne faisait pas quelque chose, ce trésor allait disparaître. Les gens amenaient leur bijoux aux forgerons pour les refondre et en faire d'autres ou vendre l'argent. Ils les revendaient à des prix insignifiants... Donc on a commencé à rassembler, à collecter ces bijoux dans les villages", détaille Mohamed Ibrahim.

Une partie de cette collection a été confiée à des musées, en France (Paris, Lyon, Marseille) et en Suisse (Neuchatel). Le Musée des Confluences de Lyon s'est engagé à soutenir la création d'un musée des bijoux à Abalak au Niger. "Le but, c'est la préservation", conclut Mohamed Ibrahim.

"C'est important (de voir les bijoux)", explique un visiteur Manzo Mourtala, écrivain. "Je n'en connaissais pas les significations profondes. Ce n'est qu'aujourd'hui que j'ai pu découvrir le sens réel de cette culture et de ce que portent nos mères, nos soeurs et d'autres adeptes de la culture touareg. Plus qu'une exposition, c'est une véritable instruction culturelle".

A quelques centaines de mètres de là, au musée Boubou Hama, Ramatoulaye Bagnou s'extasie devant les tentures murales: "Ca me rappelle ma grand-mère! A l'époque, il n'y avait pas de rideaux, on cachait les murs avec ces couvertures! On peut encore trouver certains dessins à des mariages. D'autres n'existent plus, ca fait plaisir d'en revoir".

L'exposition rassemble des objets ayant trait au coton, des talismans, des calebasses mais aussi de belles assiettes émaillées provenant de France, Tchécoslovaquie, Japon ou Chine, que certains visiteurs considèrent à tort comme de "tasses nigérianes" parce que importées du grand voisin.

Il s'agit de la collection Maridas de Mariama da Silva Abdou Saleye, descendante de la chefferie de l'Arewa, ancien Etat pré-colonial, à l'est de Niamey. "Chaque pièce a une histoire, c'est l'histoire qui fait la pièce", explique Mariama Saleye dans le catalogue de l'expositon.

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