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Nicaragua : la grève bien suivie à Managua à l'appel de l'opposition

La capitale nicaraguayenne a été partiellement paralysée vendredi par une grève de 24 heures du secteur privé à l'appel de l'Alliance de l'opposition pour demander la libération de centaines de "prisonniers politiques" et la reprise du dialogue avec le gouvernement du président Daniel Ortega, a constaté l'AFP.

La crise politique actuelle a causé la mort de plus de 320 personnes depuis avril.

Les rideaux de la majorité des 20.000 commerces et échoppes du Marché oriental, le plus populaire et le plus fréquenté de Managua, sont restés baissés vendredi matin et ses allées étaient quasi désertes.

"La grève est une excellente chose, nous soutenons ainsi les jeunes qui sont emprisonnés, qui sont torturés, qui ne devraient pas être en prison, car c'est seulement pour avoir manifesté", a déclaré à l'AFP une commerçante, Geidy Áreas, âgée de 38 ans.

De même, la majorité des stations service, des banques et des centres commerciaux de la capitale sont restés fermés. Les écoles privées ont observé aussi le mouvement d'arrêt de travail, de même que les cinémas et les librairies.

La route de Masaya, une importante artère commerciale, a été également moins fréquentée qu'à l'habitude.

En revanche, le trafic automobile semblait plus intense que lors des deux précédentes grèves de juin et juillet derniers. Comme d'habitude, les services et entreprises publics n'ont pas arrêté le travail.

En dehors de la capitale, le mot d'ordre de l'opposition a été particulièrement bien suivi dans les départements de León (ouest) et Masaya (sud) où la répression des manifestations des opposants a été la plus dure. Le mouvement a également été bien observé dans le nord du pays et dans le port touristique de San Juan del Sur.

Cependant, dans la banlieue de Managua, beaucoup de commerçants sur la route au nord de la capitale ont travaillé normalement, en invoquant leurs difficultés économiques.

"Il faut bien : j'ai des dettes à la banque et il faut que je donne à manger à mes enfants", a expliqué une vendeuse de repas d'une banlieue industrielle de l'est de Managua où travaillent des milliers d'ouvriers.

"Nous ne pouvons pas arrêter de travailler car j'ai une petite fille de deux ans", s'est aussi excusée María Muñoz, qui vend des sodas en face d'un collège public de Managua.

Tirant le bilan de la journée, le sociologue Cirilo Otero, consulté par l'AFP, a jugé que la grève était "un succès".

"Le dialogue est l'unique voie" pour sortir de la crise qui secoue le pays, assure l'Alliance civique pour la justice et la démocratie, qui regroupe étudiants, entreprises, organisations de la société civile et des syndicats.

Le dialogue sous les auspices de l'Eglise catholique entre le pouvoir et l'opposition est à l'arrêt depuis juin en raison de la répression des manifestations et du refus du gouvernement de discuter de la démocratisation du régime. L'opposition demande notamment d'avancer à 2019 les élections prévues en 2021.

La crise a commencé le 18 avril par des manifestations contre un projet de réforme de la sécurité sociale aujourd'hui abandonné, qui se sont poursuivies pour demander le départ du président.

L'ancien guérillero Daniel Ortega, 72 ans, est accusé par ses opposants d'avoir mis en place une dictature marquée par la corruption et le népotisme avec son épouse et vice-présidente Rosario Murillo. M. Ortega rétorque que le pouvoir du couple présidentiel est issu des urnes et accuse les Etats-Unis d'avoir fomenté la révolte.

Au moins 300 personnes sont poursuivies par la justice pour leur participation aux manifestations contre le gouvernement, dont 85 sont accusées de "terrorisme", selon le Haut commissariat pour les droits de l'homme de l'ONU.

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