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Nicaragua: les évêques suspendent le dialogue

La Conférence épiscopale du Nicaragua a suspendu lundi le dialogue entre le gouvernement et l'opposition, exigeant que le gouvernement tienne ses engagements et invite les organisations internationales de défense des droits de l'Homme dans le pays où des violences ont fait au moins 178 morts depuis avril.

La session plénière du dialogue prévue mardi a été suspendue après la demande des évêques au gouvernement d'"envoyer d'urgence" une invitation aux organismes internationaux de défense des droits de l'Homme, conformément à un accord conclu vendredi dernier.

"Quand le gouvernement nous enverra une copie de ces invitations et que les organisations internationales nous enverront leur réception", les groupes de travail et la session plénière seront appelés à reprendre, ont déclaré les évêques.

La Conférence épiscopale (CEN) est le médiateur du conflit qui a éclaté au Nicaragua, pays le plus pauvre d'Amérique centrale, après la répression des manifestations contre l'insécurité sociale, initiées le 18 avril.

Les participants au dialogue avaient prévu de discuter de la levée des barrages sur les routes, de l'organisation d'élections générales anticipées en mars 2019 (au lieu de fin 2021) et de réformes du système judiciaire.

Le pays est plongé dans une grave crise depuis deux mois avec des manifestations réclamant le départ du chef de l'Etat, un ex-guérillero de 72 ans.

Après la suspension de la réunion, le gouvernement a exprimé dans une note sa "grave préoccupation face à l'escalade tragique de la violence subie par le peuple nicaraguayen".

L'exécutif assure qu'il a proposé à l'opposition de "travailler pour parvenir à des accords vérifiables sur la sécurité, la paix et la réconciliation dans les municipalités et les départements du Nicaragua".

Mais un peu plus tôt lundi, les délégués de l'Alliance citoyenne pour la justice et la démocratie, de l'opposition, avaient prévenu qu'ils ne viendraient pas mardi si les invitations n'étaient pas envoyées aux observateurs internationaux.

Les évêques ont notamment demandé à l'exécutif d'envoyer une invitation officielle au Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein.

La CEN souhaite également que l'Union européenne puisse s'établir dans le pays et estime qu'il est "vital" de demander à la CIDH (Commission interaméricaine des droits de l'Homme) d'envoyer d'urgence des conseillers pour les travaux de la Commission de vérification et de sécurité, entité crée afin d'enquêter sur les crimes commis.

A l'ouverture de la 38e session du Conseil des droits de l'Homme à Genève lundi, M. Hussein avait estimé que la situation "pourrait bien mériter" la création d'une enquête internationale et a exhorté les autorités à envoyer "sans délai" une invitation à son bureau.

Les États-Unis se sont joints lundi soir à la pression en faveur de la présence d'organisations internationales et des élections anticipées, qui pourraient mettre fin au mandat du président Daniel Ortega, "héros" de la révolution sandiniste, à la tête du pays de 1979 à 1990 et depuis 2007.

"Nous constatons une demande généralisée des Nicaraguayens pour des élections anticipées. Les États-Unis estiment qu'avancer les élections représente une voie constructive pour aller de l'avant", a déclaré le département d'État américain dans un communiqué lundi soir.

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