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Hong Kong paralysé par des actions tous azimuts des manifestants

Les manifestants ont encore intensifié mercredi leurs actions tous azimuts à Hong Kong en application d'une nouvelle tactique, "l'éclosion généralisée", qui vise à paralyser au maximum l'ex-colonie britannique, théâtre depuis trois jours de scènes d'une rare violence.

Cette nouvelle stratégie, qui se traduit par une multiplication des foyers de protestation, a entraîné la fermeture de centres commerciaux, d'écoles et de nombreuses stations d'un métro vital au fonctionnement de la ville. Au point qu'un responsable de la police a estimé que cette mégapole de 7,5 millions d'habitants était "au bord de l'effondrement total".

Cela fait cinq mois que Hong Kong traverse sa pire crise politique depuis sa rétrocession à Pékin en 1997. Et la détermination des manifestants réclamant des réformes démocratiques trouve en écho l'intransigeance de l'exécutif local et du gouvernement central chinois. Ils n'ont cessé d'affirmer qu'ils ne céderaient pas à la pression de la rue.

Mercredi, pour le troisième jour d'affilée, des barricades ont obstrué la circulation dans de nombreux quartiers. Entassant des vélos, des barrières métalliques, des poubelles et tout ce qu'ils pouvaient trouver, les manifestants ont ciblé très tôt les artères empruntées par les employés rejoignant leurs lieux de travail.

Et pour le troisième jour d'affilée, plusieurs lignes du métro, d'ordinaire très efficace en transportant quotidiennement plus de quatre millions de personnes, étaient fermées à la suite d'actes de vandalisme.

- Les étudiants chinois fuient -

Afin de rejoindre leur travail, les habitants de Hong Kong devaient se résoudre à faire la queue de longues heures durant pour attendre des bus ou des taxis.

Dans le quartier de Central, où de nombreuses entreprises étrangères ont leur bureau, des employés ont profité de leur pause déjeuner pour aller soutenir les radicaux tenant les barricades aux abords des boutiques de luxe.

Sur des campus universitaires, des manifestants vêtus de noir demeuraient mobilisés dans des face-à-face tendus, après une nuit de violences avec la police.

Les autorités ont annoncé que 58 personnes au total avaient été hospitalisées mercredi à la suite d'incidents, dont une, un homme de 70 ans frappé à la tête avec une brique, d'après les médias, se trouvait dans un état critique.

Signe de l'inquiétude générée par la subite aggravation de la situation dans la région semi-autonome, des étudiants originaires de Chine continentale ont commencé à fuir Hong Kong en car, voire en bateau, ont déploré la police et les universités. On ignorait cependant dans l'immédiat le nombre des personnes parties.

De nombreux étudiants étrangers résidant sur certains campus ont par ailleurs été évacués vers des hôtels.

Le regain de tensions à Hong Kong s'explique notamment par l'adoption par les manifestants d'une nouvelle tactique, dite de "l'éclosion généralisée".

L'idée est d'éprouver au maximum les capacités de la police en multipliant les actions de moindre envergure, mais désormais dans un maximum d'endroits. Et cela en permanence, alors qu'auparavant les actions se déroulaient essentiellement les soirs et les week-ends.

- "Cette folie" -

Depuis lundi, de petits groupes déclenchent des actions simultanées dans une multitude de quartiers, élevant des barricades, bloquant des carrefours, mettant à sac stations de métro et des magasins favorables Pékin et, surtout, provoquant la police.

"L'intention des émeutiers est de pousser Hong Kong vers l'effondrement total. Aucune excuse, aucune raison politique ne peut justifier ou glorifier cette folie", a déclaré mercredi aux journalistes John Tse, le porte-parole de la police.

La veille, un de ses collègues avait vu Hong Kong "au bord de l'effondrement total".

Déjà tendue depuis le décès vendredi d'un étudiant de 22 ans qui avait chuté d'un parking, la situation s'est encore détériorée lundi matin quand un policier a blessé au torse, par balle, un manifestant non armé, toujours dans un état critique.

Il s'agit du troisième cas confirmé de manifestant touché par un tir policier à balle réelle depuis juin.

Ce coup de feu, filmé et retransmis en direct sur Facebook, a exacerbé la colère de manifestants qui dénoncent de longue date la brutalité de la riposte policière.

- Elections du 24 novembre -

Des critiques ont également été émises contre la violence de certains manifestants. Lundi, un homme de 57 ans a été aspergé de liquide inflammable par un protestataire avec lequel il se querellait puis transformé en torche humaine. Il se trouve également toujours dans un état critique.

Le gouvernement chinois a adressé des signaux inquiétants laissant penser qu'il souhaite réduire les libertés des Hongkongais et renforcer les mesures de sécurité.

Mardi, le Quotidien du peuple, organe du Parti communiste au pouvoir, a affirmé que les élections locales prévues pour le 24 novembre pourraient être annulées si les manifestants ne cédaient pas.

Les journaux d'Etat chinois ont également souligné que l'Armée populaire de libération (APL), qui dispose d'une garnison à Hong Kong, était sur place afin de soutenir, si nécessaire, la police hongkongaise dont ils ont salué "la retenue".

La Chine ne semble cependant pas encore prête à prendre des mesures aussi radicales qu'une intervention militaire, estime Ben Bland, le directeur du Projet Asie du Sud-Est à l'Institut Lowy, un groupe de réflexion politique établi à Sydney.

Selon lui, elle semble plutôt miser sur l'affaiblissement à terme du mouvement et sur sa capacité d'intimidation.

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