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Irak: nouvelles violences à Bagdad où la contestation se poursuit

De nouvelles violences ont opposé samedi les forces de l'ordre aux manifestants, qui continuent d'occuper sans interruption la place Tahrir de Bagdad pour réclamer "la chute du régime" irakien, en dépit des promesses de réformes des autorités.

Une personne a été tuée la nuit dernière et une autre samedi alors que des dizaines de personnes ont été blessées dans les violences, qui ont lieu ces derniers jours sur deux ponts de la capitale proches de Tahrir: al-Joumhouriya qui mène à l'intérieur de la Zone verte, siège du pouvoir et des ambassades, et Senek, qui la borde, ont indiqué des sources médicales à l'AFP.

Les forces anti-émeutes se sont déployées le long des ponts samedi et lancé des grenades lacrymogènes pour tenter de repousser les manifestants, qui ont maintenu leurs positions et érigé une barricade.

Depuis le 1er octobre, 258 personnes sont mortes dans des manifestations et des violences, selon les autorités. Le dernier bilan officiel a été publié mercredi soir.

Mais selon des sources médicales et de sécurité, au moins neuf manifestants ont été tués depuis, dont huit à Bagdad --certains par des grenades lacrymogènes, dix fois plus lourdes qu'ailleurs dans le monde, tirées horizontalement par les forces de l'ordre.

Selon les mêmes sources, une personne est morte à Nassiriya, dans le sud du pays, abattue par les gardes du QG d'un politicien local au cours d'une manifestation devant ses locaux.

Déclenchée spontanément le 1er octobre contre la corruption, le chômage et la déliquescence des services publics, la contestation réclame désormais "la chute du régime" et ne cesse d'enfler avec la participation ces derniers jours d'étudiants, de syndicats et d'organisations de la société civile.

Samedi, quelque 200 personnes souffrant d'un handicap ont organisé leur propre manifestation pour exprimer leur soutien au mouvement.

- "Fausses réformes" -

"Nos droits ont été ignorés depuis des années en raison de la corruption", affirme Mouaz al-Kaabi, enseignant non voyant de 30 ans qui travaille dans une école pour handicapés.

"Il y a 4 millions de personnes souffrant d'un handicap en Irak et le nombre est en augmentation en raison des guerres que nous avons vécu", dit-il à l'AFP.

Les Irakiens ont souffert de la guerre pendant des décennies, notamment la guerre Iran-Irak (1980-88), l'invasion américaine en 2003 et des années de violences fratricides.

Depuis, le système politique de répartition des postes en fonction des confessions et des ethnies instauré par les Américains n'a mené qu'au népotisme et clientélisme, accusent les manifestants.

Le président Barham Saleh a promis des élections anticipées et une nouvelle loi électorale. Le Premier ministre Adel Abdel Mahdi a lui assuré être prêt à démissionner si un remplaçant lui était trouvé.

Mais, affirme Mohammed, 22 ans, qui manifeste sur la place Tahrir, "les gens sont très conscients de ce qui se passe: on est arrivé à une étape importante et il ne faut surtout pas qu'on perde tout" en acceptant "les fausses réformes" proposées par le pouvoir.

"Les élections, ça fait 16 ans qu'on en fait et on y a rien gagné", balaie du revers de la main Haydar, 30 ans.

La nouvelle loi électorale doit être soumise au Parlement "la semaine prochaine", a annoncé M. Saleh. L'Assemblée s'est déclarée il y a une semaine en "séance permanente" mais n'est pas parvenue jusqu'ici à obtenir une audience du Premier ministre, inscrit en premier à l'ordre du jour actuel.

Samedi soir, de nombreux manifestants disent compter passer une nouvelle nuit à Tahrir en dépit du couvre-feu nocturne imposé par l'armée. Autour de la place, les bâtiments sont recouverts de portraits de jeunes irakiens tués dans les heurts avec la police.

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