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Iran: les demandes de Trump sont "légitimes" mais il faut préserver l'accord (Johnson)

Les demandes de Donald Trump concernant l'accord sur le nucléaire iranien sont "légitimes", a reconnu lundi le ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson, tout en conjurant le président américain de ne pas renoncer à ce texte à quelques jours d'une décision cruciale des Etats-Unis.

Dans une tribune publiée dans le New York Times avant une rencontre à Washington avec son homologue américain Mike Pompeo et le vice-président Mike Pence, le chef de la diplomatie britannique estime qu'en "ce moment délicat, ce serait une erreur de s'éloigner de l'accord nucléaire et de lever les contraintes qu'il fait peser sur l'Iran".

Les inspections strictes de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) prévues par ce texte de 2015 augmentent "la possibilité de détection de toute tentative de fabriquer une arme", argumente-t-il. "Maintenant que ces menottes sont en place, je ne vois pas d'avantage éventuel à les mettre de côté. Seul l'Iran bénéficierait de renoncer à ces restrictions sur son programme nucléaire", écrit Boris Johnson.

"Je pense que préserver les contraintes de l'accord sur le programme nucléaire iranien permettra également de contrecarrer l'attitude agressive de Téhéran dans la région. Je suis convaincu d'une chose: toute alternative possible est pire. La meilleure ligne à suivre serait d'améliorer les menottes plutôt que de les rompre."

L'accord sur le nucléaire iranien a été conclu en juillet 2015 à Vienne entre Téhéran et les grandes puissances (Chine, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Allemagne), avant l'arrivée à la Maison Blanche de Donald Trump.

Par ce texte, l'Iran déclare solennellement ne pas chercher à se doter de la bombe atomique et accepte de brider son programme nucléaire afin d'apporter au monde la garantie que ses activités ne sont pas à visée militaire. En échange, la République islamique a obtenu la levée progressive des sanctions internationales.

Mais n'ayant pas de mots assez forts pour dénoncer cet accord conclu sous la présidence Obama, Donald Trump a donné aux Européens jusqu'à samedi pour trouver des solutions remédiant à ses "terribles lacunes", faute de quoi les États-Unis s'en retireront.

Il reproche notamment à l'accord des clauses qui prévoient la fin progressive de certaines restrictions au programme nucléaire iranien à partir de 2025, mais aussi le fait qu'il ne s'attaque pas directement aux essais balistiques de Téhéran et à ses activités jugées "déstabilisatrices" au Moyen-Orient.

Boris Johnson, qui ne rencontrera pas Donald Trump à Washington mais s'est aussi exprimé sur Fox News, la chaîne télévisée préférée du président américain, a reconnu clairement que les inquiétudes de ce dernier étaient "légitimes". "Le président a raison d'y voir des lacunes" et "a raison d'attirer l'attention là-dessus", "il a lancé un défi au monde", a-t-il dit.

Mais "nous pensons qu'on peut être plus dur sur l'Iran, répondre aux inquiétudes du président sans jeter le bébé avec l'eau du bain", a-t-il insisté. "Le plan B ne me semble pas particulièrement avancé à ce stade", a ajouté le ministre britannique.

Le président français Emmanuel Macron s'est déjà rendu il y a deux semaines à la Maison Blanche pour tenter de persuader son homologue américain de ne pas dénoncer le texte de 2015, tout en proposant de négocier avec l'Iran un "nouvel accord", qui prenne en compte ses inquiétudes. La chancelière allemande Angela Merkel a appuyé ce plaidoyer quelques jours plus tard.

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