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Nucléaire: Moon dément toute "impasse" dans les discussions avec Pyongyang

Non, les négociations sur le nucléaire entre Washington et Pyongyang ne sont pas dans une "impasse": c'est le message qu'a martelé mercredi le président sud-coréen Moon Jae-in, tout en appelant à la patience après 70 années de "défiance".

Dans des réponses écrites à plusieurs médias, M. Moon, qui avait joué un rôle crucial l'an dernier dans le rapprochement entre le président américain Donald Trump et le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, a également exhorté Pyongyang à reprendre le dialogue pour témoigner de sa volonté d'aller vers la dénucléarisation.

Le président sud-coréen, qui doit recevoir ce week-end son homologue américain après le sommet du G20, multiplie les efforts pour relancer un processus de négociations qui semble au point mort depuis le fiasco, en février à Hanoï, du second sommet entre MM. Kim et Trump.

Les deux camps n'étaient pas parvenus à un accord sur l'allègement des sanctions internationales pesant sur la Corée du Nord, et sur les mesures que Pyongyang devrait prendre en échange.

La Corée du Nord a depuis lors ignoré les appels à de nouvelles discussions, ne maintenant que des contacts minimums avec le Sud.

"Il n'y a pas de raison de voir la situation actuelle comme le signe d'un processus de paix dans l'impasse, juste parce que le rythme est demeuré lent", a expliqué M. Moon.

- "Océan de défiance" -

La volonté de MM. Trump et Kim de dialoguer n'a "jamais disparu", a-t-il affirmé, en invoquant notamment le récent échange de lettres entre les deux dirigeants.

Dimanche, l'agence officielle nord-coréenne KCNA a affirmé que M. Kim avait reçu de M. Trump une missive au contenu "excellent".

Quelques jours plus tôt, ce dernier avait indiqué avoir reçu une lettre "magnifique" et "très chaleureuse" de Kim Jong Un, ajoutant qu'il continuait à faire confiance au Nord-Coréen malgré l'absence de progrès tangibles sur la dénucléarisation.

Le président américain a récemment affirmé qu'il n'y avait pas d'urgence à la tenue d'un troisième sommet. Mais M. Moon a affirmé que celui-ci faisait l'objet de "discussions en coulisses" entre Washington et Pyongyang.

En dépit de cette correspondance médiatisée, des responsables américains disent en privé que le Nord n'a pas répondu à la proposition américaine de discussions de travail. Et le ministre sud-coréen de l'Unification a récemment admis que le processus était au point mort.

Le président sud-coréen a appelé à la patience, en raison de décennies d'hostilité entre Washington et Pyongyang.

"Les relations hostiles ont duré plus de 70 ans", a-t-il dit. "Il serait difficile de traverser d'un coup un océan de défiance."

- "Passivité" -

Les deux camps se sont imputé la responsabilité de l'échec du sommet de Hanoï.

Washington a affirmé que Pyongyang demandait la levée de toutes les sanctions en échange d'un désarmement partiel. Le Nord a soutenu de son côté qu'il ne demandait la levée que de certaines sanctions contre le démantèlement de toutes les installations nucléaires de son complexe de Yongbyon.

Depuis lors, Pyongyang a accusé Washington de "mauvaise foi" et lui a donné jusqu'à la fin de l'année pour changer de stratégie.

Le Nord s'en est notamment pris plusieurs fois au chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, demandant sa mise à l'écart des discussions au motif qu'il contribuerait à une "mauvaise" atmosphère.

Un porte-parole du ministère nord-coréen des Affaires étrangères a encore vu mercredi "une manifestation de l'hostilité la plus extrême" dans de récents propos de M. Pompeo.

La Corée du Nord avait fait monter la tension d'un cran le mois dernier en lançant des missiles à courte portée, premiers tirs depuis novembre 2017.

Mais M. Moon a estimé que ces lancements n'avaient pas provoqué de "hausse soudaine des tensions" ni entraîné "l'effondrement du dialogue sur la dénucléarisation".

Le président sud-coréen a cependant exhorté son voisin du Nord à revenir à la table des négociations "au plus vite".

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