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Octogénaire morte après un tir de lacrymogène à Marseille: l'enquête dépaysée à Lyon

La Cour de cassation a ordonné mercredi le dépaysement à Lyon de l'enquête sur la mort de Zineb Redouane, une octogénaire touchée par un tir de grenade lacrymogène en marge de manifestations à Marseille en décembre, a-t-on appris de source judiciaire.

La procédure, jusque-là instruite à Marseille, sera désormais entre les mains d'un juge lyonnais.

Le 1er décembre 2018, de violents incidents avaient éclaté en marge de plusieurs manifestations, notamment celle de "gilets jaunes". Zineb Redouane, 80 ans, avait été touchée au visage par des morceaux de grenade lacrymogène alors qu'elle se trouvait à sa fenêtre, au 4e étage. Elle était décédée le lendemain à l'hôpital.

Le parquet général d'Aix-en-Provence avait demandé ce dépaysement, réclamé par des avocats de la partie civile, pour la "sérénité" de l'information judiciaire et "dans l'intérêt d'une bonne administration de la justice".

"La médiatisation donnée à cette affaire paraissait de nature à perturber la sérénité de l'information judiciaire et le déroulement des investigations envisagées", a affirmé le parquet général d'Aix-en-Provence dans un communiqué mercredi. "La décision de la chambre criminelle ne remet aucunement en cause l'enquête initiale" du parquet de Marseille, "qui a saisi avec célérité un magistrat instructeur", poursuit-il.

Dans ce dossier "tout avait été mis en oeuvre par la juridiction marseillaise pour entraver l'enquête et étouffer l'affaire", a réagi auprès de l'AFP Me Yassine Bouzrou, l'un des avocats de la famille, soulignant avoir demandé le dépaysement dès son dépôt de plainte.

"Il était temps, l'instruction va enfin pouvoir recommencer alors que l'affaire est bloquée depuis presque six mois", a ajouté l'avocat du fils de Mme Redouane, Me Brice Grazzini, qui aurait toutefois préféré qu'une autre juridiction que Lyon soit saisie, la compagnie de CRS impliquée dans la mort de Mme Redouane étant basée à Saint-Etienne.

Sur le plan juridique, dans sa requête, le procureur général d'Aix-en-Provence Robert Gelli relevait qu'un magistrat du parquet de Marseille était présent sur les lieux de la manifestation dans le cadre de ses fonctions. Ce magistrat avait été chargé ensuite du début de l'enquête, jusqu'à ce qu'elle soit confiée à un juge d'instruction marseillais, le 4 décembre.

Le drame ayant eu lieu lors d'une opération de maintien de l'ordre, la responsabilité "des autorités locales" pourrait être recherchée, ajoutait M. Gelli.

Dans ce qu'ils qualifient "d'affaire d'Etat", les proches de la victime ont déposé également plusieurs plaintes et saisi le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), estimant que le procureur de Marseille Xavier Tarabeux avait "manqué à ses obligations déontologiques".

Zineb Redouane est à ce jour la seule personne décédée en marge du mouvement des "gilets jaunes" pour laquelle la responsabilité de la police soit mise en cause.

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