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Open d'Australie: Pouille goûte à l'ivresse des sommets, Serena perd pied

Il prend goût aux sommets et à l'Australie: Lucas Pouille s'est qualifié pour sa première demi-finale en Grand Chelem en domptant avec autorité le Canadien Milos Raonic (17e), mercredi à Melbourne, où Serena Williams a elle dévissé.

Une montagne le sépare d'une place en finale: le N.1 mondial Novak Djokovic a bénéficié de l'abandon du Japonais Kei Nishikori (N.9), touché à la cuisse droite, après moins d'une heure de jeu (6-1, 4-1).

Son association naissante avec Amélie Mauresmo donne décidément des ailes à Pouille: moins de deux mois après avoir fait appel à celle qui détient le palmarès le plus prestigieux du tennis français moderne et qui a entraîné Andy Murray pendant près de deux ans, il a muselé Raonic 7-6 (7/4), 6-3, 6-7 (2/7), 6-4 en un peu plus de trois heures.

Le tennis français n'avait plus connu pareil sommet depuis la demi-finale de Gaël Monfils à l'US Open en 2016. A Melbourne, il faut remonter jusqu'à 2010 pour trouver trace d'un demi-finaliste tricolore (Tsonga finaliste).

A 24 ans, Pouille vit-il le plus beau moment de sa carrière, l'a interrogé John McEnroe sur le court ? "Sans aucun doute", a-t-il souri.

- Métamorphose spectaculaire -

Sa métamorphose est spectaculaire.

Car le Nordiste sort d'une triste saison 2018 au cours de laquelle, envie et confiance évanouies, il a plafonné au troisième tour en Grand Chelem et glissé du top 10 aux portes du top 30. Malheureux sur le circuit, il a même envisagé un break mais la perspective de la finale de Coupe Davis l'en a dissuadé.

"J'ai su réagir. Changer d'entraîneur a été une décision forte. Avec Amélie, on s'est bien trouvé, on arrive à bien travailler, on communique énormément", explique-t-il.

Son épatante embellie australienne est d'autant plus inattendue que Pouille avait entamé sa saison 2019 par quatre défaites, trois à la Hopman Cup (compétition par équipe mixte à Perth) et une à Sydney (contre Rublev). Et qu'il n'avait, pour couronner le tout, jamais remporté le moindre match à Melbourne en cinq participations.

Tout ça a eu l'air bien lointain sous le soleil inondant la Rod Laver Arena mercredi.

Passée la tension du début de match, qui lui a coûté d'être rapidement mené 3-0, Pouille a fait beaucoup mieux que tenir tête à Raonic: il l'a muselé, en particulier sur son arme N.1, le service, avec lequel il ne lui a laissé grappiller que peu de points gratuits. Il s'est au contraire montré impérial sur le sien: hormis son engagement concédé d'entrée, il n'a plus été confronté à la moindre balle de break du match !

Le reste du jeu a suivi : après deux sets, il n'avait commis que neuf fautes directes (24 au total) tout en ayant frappé une trentaine de points gagnants.

Oui, Raonic a fini par empocher la troisième manche au jeu décisif, mais ça n'a pas fait dévier Pouille de sa trajectoire parfaitement contrôlée.

Le nouvel élève de Mauresmo n'avait pourtant jamais chipé le moindre set au Canadien lors de leurs trois premières confrontations.

- Quatre balles de match -

A 24 ans, il devient le quatorzième joueur français à rallier le dernier carré en Grand Chelem dans l'ère Open, près de deux ans et demi après s'être révélé à l'été 2016 en s'offrant deux quarts de finale coup sur coup à Wimbledon puis à l'US Open.

Au contraire de Pouille, Serena a elle perdu pied: malgré quatre balles de match, la championne américaine a vu sa quête de 24e couronne historique en Grand Chelem échouer une nouvelle fois, au bout d'une improbable "remontada" de Karolina Pliskova (6-4, 4-6, 7-5).

A 5 jeux à 1, 40-30, sur son service dans le set décisif, on voyait mal ce qui pouvait empêcher Serena de s'en rapprocher encore. Mais une faute de pied, une cheville gauche tordue sur une reprise d'appuis, une double faute et un revers dans le filet plus tard, Pliskova (N.8) était toujours en vie (5-2).

L'ex-N.1 mondiale aujourd'hui 16e, qui faisait à Melbourne son retour en compétition officielle quatre mois après sa finale explosive perdue à l'US Open, se procurait trois nouvelles occasions de conclure à 5-4, sur le service de la Tchèque. En vain. Et c'est elle qui finissait par s'incliner 7-5 après avoir encaissé six jeux consécutifs !

"Je ne pense pas que ma cheville ait quoi que ce soit à voir là-dedans", écarte Serena, qui estime que son adversaire "a joué incroyablement sur les balles de match."

"J'étais presque aux vestiaires mais maintenant, je suis là en vainqueur. C'est génial !", s'est réjouie Pliskova.

Revenue de maternité il y a moins d'un an, la cadette des soeurs Williams (37 ans) voit s'évanouir une fois de plus son rêve d'égaler le record absolu de trophées en Grand Chelem détenu par l'Australienne Margaret Court. L'été dernier, elle avait trébuché deux fois sur la dernière marche, à Wimbledon puis à l'US Open.

Pour une place en finale, Pliskova affrontera la Japonaise Naomi Osaka (N.4), tombeuse (6-4, 6-1) de l'Ukrainienne Elina Svitolina (N.7). Une revanche entre les deux protagonistes de la dernière finale de l'US Open, remportée par Osaka aux dépens de Serena, n'aura donc pas lieu.

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