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Opiacés: 5 médecins new-yorkais accusés de surprescription contre pots-de-vin

(Belga) Cinq médecins new-yorkais ont été accusés vendredi d'accepter des centaines de milliers de dollars de pots-de-vin d'une société pharmaceutique pour surprescrire du fentanyl, un antidouleur particulièrement puissant et addictif, une affaire qui montre l'action croissante de la justice américaine face à la crise des opiacés.

Les cinq médecins, qui avaient tous pignon sur rue à New York, ont surprescrit des mois durant un spray de fentanyl, un antalgique 50 à 100 fois plus puissant que la morphine, en échange de pots-de-vin du fabricant qui les dissimulaient sous l'appellation d'honoraires de conférenciers, selon l'acte d'accusation publié vendredi par le procureur fédéral de Manhattan. Le procureur n'a pas précisé le nom du laboratoire, mais tous les détails correspondent à la société Insys. Basée dans l'Arizona, elle avait, en août dernier, accepté de coopérer avec la justice et de payer 4,5 millions de dollars d'amende après avoir été accusée de pratiques frauduleuses pour promouvoir son spray de Fentanyl, "Subsys", en principe réservé aux douleurs liées au cancer. Deux employés d'Insys ont par ailleurs plaidé coupable et participé à l'enquête qui a conduit à l'interpellation des médecins. Les cinq médecins new-yorkais mis en cause sont accusés d'avoir participé au système de "faux honoraires" d'Insys. L'un d'eux, Gordon Freedman, 57 ans, spécialisé dans le traitement de la douleur et exerçant tant en cabinet qu'à l'hôpital, aurait ainsi touché plus de 300.000 dollars de faux honoraires en échange d'une augmentation de sa prescription du spray de fentanyl. Il aurait ainsi été le "conférencier" le mieux payé d'Insys en 2014: sur le seul dernier trimestre de cette année-là, il a prescrit pour plus de 1,1 million de dollars de ce médicament, affirme le procureur. Les quatre autres médecins -Jeffrey Goldstein, Todd Schlifstein, Dialecti Voudouris et Alexandru Burducea - sont eux accusés d'avoir perçu entre 68.000 et 196.000 dollars de faux honoraires pour promouvoir ce produit. Ils font tous l'objet de multiples chefs d'accusation, dont association de malfaiteurs, corruption et violation des règles d'équité dans la prescription des médicaments, ce dernier délit s'accompagnant d'une peine maximale de 20 ans de prison. Cette affaire illustre l'action croissante de la justice américaine pour enrayer la surprescription d'antidouleurs comme le fentanyl ou l'oxycodone, à l'origine de la crise des opiacés qui a tué 63.600 personnes par overdoses en 2016 aux Etats-Unis. Les arrestations dans le milieu médical et pharmaceutique pour surprescription ou distribution frauduleuse de ces médicaments sont devenues quasi-quotidiennes. (Belga)

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