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Orelsan: le Japon ? Incompréhensible, donc inspirant

Orelsan a beau avoir dévoré du manga depuis son adolescence, débarqué à Tokyo, il ne comprend rien. Mais c'est tant mieux car cela lui donne des idées, confie à l'AFP le chanteur vedette de passage au Japon pour y donner deux concerts.

"Ici je suis obligé de faire travailler mon esprit de déduction, vu que je ne comprends rien à ce que je vois, à ce qui est écrit, donc c'est inspirant. Je marche dans les rues, je regarde, je divague", s'amuse l'artiste de 35 ans, de son vrai nom Aurélien Cotentin.

Présent à Tokyo pour deux concerts jeudi et vendredi, Orelsan n'en est qu'à son deuxième séjour dans l'Archipel, alors qu'il fait de l'aïkido et va jusqu'à collectionner des "cellulos" (planches de dessins animés) ou des figurines de héros nippons.

"En fait, je m'en excuse, mais je ne connais presque rien de la société nippone, je ne sais pas à quelle heure dînent les Japonais, comment ils vivent, car comme la plupart de ceux de ma génération j'ai digéré une culture nippone qui est biaisée. On croit que les Japonais mangent des sushis à gogo et des yakitori viande/fromage, alors qu'ils n'existent pas ici", sourit-il.

Avec son pseudo à la japonaise (le suffixe "san" sert à désigner poliment une personne) et le même look "casquette, barbe de quelques jours" que le héros du manga 20th Century Boys de Naoki Urasawa (qu'il adore), le chef de file du rap francophone avoue l'influence du manga sur la mise en scène de certains clips (Défaite de famille, par exemple).

"Je ne suis pas le seul à m'inspirer du manga, les YouTubeurs aussi, avec des images en très grand angle ou contre-plongée. J'aimerais faire un film dans le style manga, avec des scènes improbables: par exemple, le mec mange un truc qu’il adore tellement qu'il s'envole comme une fusée en tourbillon au plafond".

S'il travaille actuellement avec un mangaka pour une vidéo, il rêve de monter au Japon un projet plus large, "qui englobe musique, vêtements et cinéma". En attendant, il est prêt "à fond à chanter une chanson en japonais, même si ce serait ridicule".

Le multi-primé aux Victoires de la Musique aime la langue française "vivante, évolutive". Il s'est récemment enthousiasmé pour Les Trois mousquetaires, passe des textes de Dylan à ceux de Maupassant et s'avoue autant fan de Daniel Balavoine ou Georges Brassens que de Kendrick Lamar. Pourtant il reconnaît qu'écrire des chansons "est une souffrance", peut-être parce que cela fait 20 ans qu'il le fait et qu'il se fixe dès lors "un haut niveau d'exigence". Mais c'est sans doute ce perfectionnisme qui a valu une critique positive unanime à son dernier album, "La fête est finie".

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