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Pakistan: derniers préparatifs à la veille des législatives

Les autorités et la puissante armée pakistanaises achevaient mardi leurs préparatifs en vue des législatives prévues mercredi, dont l'issue apparaît encore incertaine.

Des militaires observaient attentivement des membres de la Commission électorale alors qu'ils distribuaient des urnes et du matériel dans les bureaux de vote, a constaté l'AFP mardi dans plusieurs villes du pays.

Les forces armées ont déployé quelque 370.000 soldats dans tout le pays pour s'assurer du bon déroulement du scrutin - la plus grande opération du genre dans l'histoire du Pakistan pour un jour d'élection.

"Le déploiement des troupes est achevé", a commenté l'armée dans un communiqué lundi soir, ajoutant que les troupes travailleraient avec les unités locales de maintien de l'ordre pour assurer "un environnement sûr et sécurisé" lors du vote.

Quelque 450.000 policiers seront également assignés à la surveillance du scrutin, selon des responsables électoraux.

Devant un centre de distribution des kits électoraux à Lahore (est), la deuxième ville du pays, le personnel électoral effectuait les ultimes préparatifs, tout en se plaignant de retards dans la livraison des urnes.

"Cela fait 22 ans que je remplis mon devoir électoral. Je n'ai jamais vu une élection aussi mal organisée de toute ma vie", a tonné une femme sous couvert d'anonymat, ajoutant que les soldats censés superviser le processus avaient très peu aidé.

A la veille des élections, les habitants de Lahore, capitale de la province du Pendjab, la plus peuplée du pays, semblaient encore hésiter entre la Ligue musulmane pakistanaise (PML-N) et le Tehreek-e-Insaf (PTI, "Mouvement pour la justice") d'Imran Khan.

"Je soutiens Imran Khan car il est le meilleur choix pour le Pakistan. Nous devrions lui donner sa chance", a affirmé Muhammad Wasim, 32 ans, pointant les succès du PTI dans sa gestion de la province du Khyber-Pakhtunkhwa (Nord-Ouest).

Muhammad Nawaz, un marchand de 45 ans, a pour sa part souligné les mérites du PML-N, qui malgré plusieurs scandales de corruption ces derniers mois, a selon lui "servi les masses, mis un terme aux (coupures de courants), et nous a donné de meilleurs services, routes, transport et éducation".

- 'Très ouvert' -

Les prédictions restent très difficiles à faire à ce stade, a noté Bilal Gilani, le directeur de l'institut de sondage Gallup Pakistan, nombre d'électeurs restant indécis. "C'est encore très ouvert", a-t-il commenté pour l'AFP.

Les partis politiques ont achevé lundi soir leurs rassemblements électoraux, ceux-ci étant interdits la veille du vote.

L'ex-champion de cricket Imran Khan, qui dirige le Tehreek-e-Insaf (PTI, "Mouvement pour la justice") et figure parmi les favoris, a appelé ses électeurs à "se lever tôt" mercredi et "à voter", devant plusieurs milliers de personnes à Lahore (Est).

La victoire est "certaine", a de son côté lancé son rival Shahbaz Sharif, qui a remplacé son frère Nawaz, emprisonné pour corruption, à la tête de la Ligue musulmane pakistanaise (PML-N), depuis le sud du Pendjab.

"Contre toute attente, le PML-N est en train de gagner les élections", a-t-il affirmé, alors que le parti se dit persécuté par l'armée et la justice, au bénéfice du PTI d'Imran Khan.

La campagne, courte mais dure, a été marquée par des accusations de manipulations "flagrantes" du scrutin par l'armée, ainsi que par la progression de partis religieux extrémistes et par plusieurs attentats qui ont fait plus de 180 morts dont trois candidats.

La commission électorale pakistanaise a accordé aux soldats un large accès et des pouvoirs étendus à l'intérieur des bureaux de vote, alimentant des craintes d'ingérence.

A Rawalpindi (centre), des partisans des frères Sharif ont vivement critiqué l'"establishment" militaire, se disant prêts à descendre dans la rue après les élections si la direction du parti le leur demande.

"Nous nous battrons", a affirmé Aftab Anjum, l'un d'entre eux. "Nous sommes prêts."

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