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Pakistan: faible mobilisation des extrémistes contre Asia Bibi

(Belga) Quelques dizaines de personnes ont manifesté mercredi au Pakistan contre un verdict rendu mardi par la Cour suprême en faveur de la chrétienne Asia Bibi, qui ouvre la voie à son départ du pays.

Le Tehreek-e-Labaik Pakistan (TLP), un parti extrémiste qui avait bloqué le pays trois jours durant après l'annonce fin octobre de l'acquittement de Mme Bibi, a peiné à mobiliser ses troupes mercredi après avoir appelé à "agir". Le TLP, qui a fait de la lutte contre le blasphème son leitmotiv, s'est particulièrement engagé dans l'affaire Asia Bibi, une mère de famille chrétienne condamnée à mort pour blasphème en 2010 et qui a passé huit ans dans le couloir de la mort. "Nous pouvons mourir. Mais nous ne pouvons pas transiger sur l'honneur du prophète", avait écrit le TLP, invitant "tous les militants et les amoureux du prophète" à manifester mercredi sur un échangeur routier reliant la capitale Islamabad à la grande ville voisine de Rawalpindi. Mais un important dispositif policier avait été déployé mercredi sur cet échangeur, que quelques centaines de membres du TLP avaient déjà occupé à l'automne 2017, coupant la circulation pendant trois semaines. Aucun manifestant n'était présent sur place dans la journée. A Lahore, la deuxième plus grande ville pakistanaise, forte de 12 millions d'habitants, ils n'étaient qu'une vingtaine, et moins d'une dizaine à Rawalpindi. Le TLP apparaît affaibli après l'arrestation à l'automne de son chef Khadim Hussain Rizvi et de centaines de ses partisans. La Cour suprême pakistanaise a rejeté mardi un dernier recours contre l'acquittement de Mme Bibi, à la grande fureur des milieux islamistes qui exigent sa pendaison. "Est-ce le visage de l'Islam que nous voulons montrer au monde ? (...) Est-ce que l'Islam dit qu'il faut pendre quelqu'un même si la culpabilité de cette personne n'est pas avérée ? ", a tonné le président de la Cour suprême, le juge Asif Saeed Khosa, mardi devant une salle comble. Plus rien n'empêche désormais Asia Bibi de quitter ce pays musulman très conservateur où elle vit actuellement sous haute protection dans un endroit inconnu, étant de longue date une cible pour les extrémistes. On prête à la chrétienne l'intention de demander l'asile dans un pays européen ou au Canada où ses enfants se trouvent déjà, selon plusieurs sources diplomatiques à Islamabad, ce qu'Ottawa n'a pas confirmé. Le blasphème est un sujet extrêmement sensible au Pakistan, où des accusations suffisent à provoquer des lynchages meurtriers. Les défenseurs des droits de l'Homme réclament de longue date une réforme de ces lois, qui selon eux sont souvent employées dans le cadre de litiges n'ayant rien à voir avec la religion. (Belga)

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