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Pakistan: Imran Khan, ex-star du cricket désormais Premier ministre

Le nouveau Premier ministre du Pakistan Imran Khan est connu en Occident comme un ancien sportif d'exception aux nombreuses conquêtes féminines mais il affiche un visage beaucoup plus conservateur dans son pays.

Entré en politique en 1996, il aura longtemps rongé son frein avant de parvenir au sommet du pouvoir. L'Assemblée nationale l'a élu vendredi à la tête d'un gouvernement de coalition, après une large victoire de son parti lors des législatives de juillet. Il a prêté serment samedi.

"Je suis ici après 22 ans de combats", a-t-il lancé, combatif, devant les députés. "Aucun dictateur ne m'a pris en charge", a-t-il affirmé, balayant les accusations d'interférence de l'armée en sa faveur pendant la campagne électorale.

L'ex-"capitaine" avait largement bâti sa campagne sur la lutte contre la corruption. Réformiste, il promet l'avènement d'un "Etat-providence islamique" et d'un "Nouveau Pakistan". Les finances sinistrées du pays pourraient pourtant mettre à mal ses ambitions.

Agé de 65 ans, M. Khan est idolâtré par des millions de Pakistanais pour avoir mené l'équipe nationale de cricket, sport roi dans le pays, à sa seule victoire en Coupe du monde en 1992.

Mais il s'affiche aujourd'hui souvent le chapelet à la main. "Il joue la carte religieuse", observe la journaliste Arifa Noor.

Certains le surnomment "Taliban Khan" et l'attaquent pour ses appels répétés au dialogue avec des groupes insurgés violents et pour l'alliance - assumée - de son parti avec un religieux surnommé "père des talibans", Sami ul Haq.

Il est aussi dépeint comme impulsif et flirte parfois avec des thèmes religieux comme la controversée loi sur le blasphème. Il a récemment déclaré que le féminisme avait "dégradé le rôle de la mère".

Mais pour ses très nombreux partisans, notamment les jeunes, M. Khan est incorruptible et généreux, lui qui a passé des années après sa retraite sportive à construire des hôpitaux ainsi qu'une université.

Parfois comparé au président américain Donald Trump pour ses accents populistes et ses tirades sur Twitter, il juge pour sa part le parallèle "ridicule", dans un entretien avec l'AFP en février dernier.

- Mieux préparés -

Son parti, le Pakistan Tehreek-e-Insaf (PTI), dont le nom signifie "Mouvement pour la justice au Pakistan", a longtemps dû se contenter d'une poignée de sièges.

Sa popularité n'a explosé qu'en 2012, portée par les millions de Pakistanais l'ayant admiré, plus jeunes, alors qu'il brillait dans les stades.

Les classes moyennes, fatiguées de la corruption endémique et lassées de voir les mêmes leaders monopoliser le pouvoir depuis des décennies, se retrouvent dans ses slogans.

Les élections législatives de 2013 lui permettent de ravir la province du Khyber Pakhtunkhwa (KP, Nord-Ouest), et de poser le PTI comme premier parti d'opposition à l'échelle nationale.

A l'issue de la législature, il reconnaîtra toutefois que le PTI a péché par manque d'expérience dans sa gestion de cette province pauvre et minée par des problèmes de sécurité. Une page qu'il affirme tournée. "On apprend de nos erreurs", assurait-il en février.

- Trois mariages -

Né en 1952 dans une riche famille de Lahore, Imran Khan a étudié dans les meilleures universités pakistanaises et anglaises.

Diplômé d'Oxford, il se fait rapidement remarquer au cricket dans des clubs anglais. A 19 ans, il débute en sélection nationale du Pakistan et devient le meilleur joueur de son histoire.

Suivirent la retraite sportive et ses années "play-boy", très entouré dans les boîtes de nuits les plus sélects de Londres, jusqu'à son mariage avec Jemima Goldsmith, fille du magnat financier franco-britannique Jimmy Goldsmith, en 1995.

Elle se convertit à l'islam, et le couple aura deux garçons avant de divorcer en 2004. Son deuxième mariage, avec la présentatrice Reham Khan, s'achève en octobre 2015, n'ayant duré que dix mois.

Imran Khan a convolé début 2018 en troisièmes noces avec une femme présentée comme sa conseillère spirituelle, Bushra Bibi. Lors de sa prestation de serment samedi, elle était l'une des seules femmes de l'assistance à porter un hijab blanc ne laissant voir que ses yeux, signe de conservatisme au Pakistan.

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