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Pakistan: la justice renvoie en prison un homme qui avait poignardé à 23 reprises une jeune femme

La Cour suprême pakistanaise a renvoyé mercredi en prison un étudiant condamné en première instance pour avoir poignardé à 23 reprises une jeune femme qui avait repoussé ses avances, puis acquitté en appel, ce qui avait provoqué un tollé dans son pays, a déclaré l'avocat de la victime.

"Nous avons gagné. Shah Hussain est reconnu coupable", s'est félicité Me Hassan Niazi sur Twitter.

Shah Hussain avait été condamné en juillet 2017 à sept ans de prison pour avoir agressé en mai 2016 Khadija Siddiqui à coups de couteau dans le cou, le dos et les bras.

Cette étudiante en droit alors âgée de 23 ans qu'il côtoyait à l'université et à laquelle il avait proposé d'entamer une romance, avait survécu à ses blessures, infligées pendant qu'elle attendait sa soeur de six ans à la sortie d'école.

La plus haute instance judiciaire pakistanaise a annulé mercredi l'acquittement en juin de ce fils d'un avocat en vue.

"C'est un jour victorieux. Cette décision marquante montre que personne n'est au-dessus de la loi au Pakistan", a déclaré à l'AFP Khadija Siddiqui.

"Ce verdict servira de précédent aux centaines de Pakistanaises qui sont harcelées chaque jour mais qui ont peur d'aller devant la police ou la justice", a-t-elle ajouté.

L'acquittement de Shah Hussain avait provoqué une vague d'indignation au Pakistan.

"La justice a finalement été rendue. (...) Shah Hussain a été condamné et arrêté", a tweeté mercredi le PTI (Pakistan Tehreek-e-Insaf, le Mouvement pour la justice au Pakistan), le parti du Premier ministre Imran Khan.

L'acteur Hamza Ali Abbasi a pour sa part salué la "détermination" de Khadija Siddiqui, tandis que Jibran Nasir, un défenseur des droits de l'Homme, a loué "son combat", qu'il a qualifié de "source d'inspiration".

Les violences faites aux femmes sont "omniprésentes et inextricables" dans ce pays conservateur et de culture patriarcale, a déploré la Commission des droits de l'Homme pakistanaise, qui recense des milliers de viols, d'autres agressions sexuelles, d'attaques à l'acide et de meurtres par an.

Les vrais chiffres sont vraisemblablement bien plus élevés, selon la Commission, la plupart de ces violences n'étant pas dénoncées auprès des autorités.

Mais même pour les rares affaires arrivant devant les tribunaux, "le taux de condamnation est inférieur à 1%", déplorait l'an passé dans un entretien avec l'AFP Rabeea Hadi, un membre de la Fondation Aurat, une organisation de défense des droits des femmes.

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