Accueil Actu

Parcoursup: un "oui" pour plus de deux tiers des jeunes, incertitude pour les autres

Une semaine après les premiers résultats sur Parcoursup, plus de deux tiers des 810.000 jeunes ont reçu "au moins une proposition" à leurs vœux pour entrer à l'université, les autres lycéens restant, eux, dans l'incertitude en pleine préparation du bac.

Mardi, "un total de 1,6 million de propositions" avaient été faites à 551.274 candidats, a indiqué le ministère de l'Enseignement supérieur. A l'inverse, près de 260.000 candidats n'ont donc pas encore reçu de proposition d'admission ou sont sur liste d'attente.

Il y a une semaine, au moment des premiers résultats, un candidat sur deux avait reçu au moins une première proposition. Le gouvernement s'était voulu rassurant pour les autres, alors que la réforme de l'accès au supérieur, dénoncée par ses détracteurs comme instaurant une "sélection", a provoqué perturbations et blocages dans des universités ces dernières semaines.

"C'est une bonne dynamique", s'est félicitée la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, dans un entretien mardi à Midi Libre.

Elle a dit comprendre les "inquiétudes" des candidats en attente de place. Parcoursup, la nouvelle plateforme d'accès au supérieur, "fonctionne de façon continue et évolutive : lorsqu'un candidat fait un choix entre plusieurs propositions, il libère des places pour les autres candidats. Il est donc normal qu'une partie d'entre eux ait pour l'instant des vœux en attente: la situation évolue chaque jour", a-t-elle insisté.

C'est ce qui s'est passée pour Linor, en Terminale ES à Paris. La semaine dernière, elle n'était prise que dans une licence "info-com", choix qu'elle avait inscrit par défaut. Aujourd'hui, elle a été acceptée dans une licence de droit, qui était son premier choix: "J'étais très stressée, là c'est le soulagement", confie-t-elle à l'AFP. "Je vais pouvoir réviser le bac plus sereinement".

A l'inverse, Clément, en Terminale ES dans la banlieue parisienne, n'a toujours pas été pris en licence de sciences politiques, qui avait sa préférence. Et il a peu d'espoir car il très est mal classé sur la liste d'attente. "J'ai eu un +oui+ en histoire, ça m'intéresse moins, mais j'ai accepté" faute de mieux, explique-t-il.

Salimata, en lycée professionnel à Vanves (Hauts-de-Seine) a, elle, refusé des propositions qui ne l'intéressaient pas et attend toujours une place dans un BTS en commerce international: "Je suis remontée dans la liste d'attente mais je préfèrerais savoir que je suis prise avant de passer le bac, je serais beaucoup moins stressée", dit-elle.

- "Choc" -

Les candidats n'ayant postulé qu'à des formations sélectives qui ont reçu uniquement des réponses négatives peuvent saisir une commission du rectorat pour trouver une place au plus près de leurs souhaits. Selon le ministère, "5.081 candidats ont fait appel à cette commission".

Lundi, le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer a de nouveau assuré que "chacun aura sa place".

Mais Parcoursup, qui a remplacé la plateforme controversée APB, ne fait pas l'unanimité. La semaine dernière, le président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis Stéphane Troussel (PS) a adressé une lettre ouverte à Frédérique Vidal. Il s'y interroge sur l'"opacité" de la plateforme et estime que les premiers résultats défavorisent les élèves issus des milieux populaires.

Un constat partagé par les syndicats Sud éducation et le Snes, opposés à la réforme.

"On soupçonne une sélection sociale", souligne Sarah, 18 ans, en terminale ES à Gonesse (Val d'Oise), venue participer à un rassemblement contre la réforme mardi à Paris. "Dans mon lycée, des amis avec des bonnes notes ont été refusés dans des facs parisiennes alors que d'autres, avec de moins bons dossiers mais issus de lycées bourgeois, ont été pris".

"Ce que je n'avais pas du tout anticipé, c'est le stress que ça génère chez les élèves... et chez les profs", relève de son côté le proviseur d'un lycée de banlieue parisienne. "Beaucoup s'attendaient à une réponse positive le 22 mai et le réveil est un peu violent. Les élèves regardent tous les matins leur dossier sur leur smartphone; sur les listes d'attente, il y a eu un choc". Mais, ajoute-t-il, "beaucoup voient aussi qu'on peut gagner 200 places en 24 heures".

À lire aussi

Sélectionné pour vous