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Pas de progrès vers la paix à une réunion à Moscou sur l'Afghanistan

La Russie a organisé vendredi à Moscou une rencontre internationale sur l'Afghanistan incluant une délégation des talibans, mais les participants ont admis n'avoir pas progressé vers l'ouverture d'un dialogue direct entre rebelles islamistes et gouvernement afghan.

Les entretiens, qui avaient lieu à huis clos dans un hôtel de Moscou, se sont terminés sans que les parties aient convenu d'engager ce dialogue direct, ont indiqué les délégations des talibans et du Haut conseil pour la paix, un organisme gouvernemental afghan.

Le porte-parole des talibans Mohammad Abbas Stanikzai a dit aux journalistes après la réunion que "cette conférence ne portait pas sur des négociations directes", selon ses propos traduits par l'agence Interfax.

Les talibans "ne reconnaissent pas comme légitime le gouvernement actuel, c'est pourquoi nous n'aurons aucune négociation avec eux", a-t-il dit.

"Etant donné que notre principale demande est le retrait des forces étrangères, nous discuterons d'une solution de paix avec les Américains", a-t-il encore dit.

Les talibans avaient annoncé qu'ils enverraient à Moscou une "délégation de haut niveau" composée de cinq représentants de leur "bureau politique".

Un membre de la délégation du Haut conseil pour la paix, Hajji Din Mohammad, a de son côté déclaré vendredi aux journalistes que la Russie avait invité les participants à une nouvelle réunion sur l'Afghanistan, mais qu'"un accord n'avait pas été obtenu sur la tenue de négociations directes" avec les talibans, selon l'agence publique russe Ria Novosti.

Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, avait déclaré en ouvrant la réunion que Moscou espérait "ouvrir une nouvelle page dans l'histoire de l'Afghanistan grâce à des efforts conjoints".

Il avait estimé que la présence à la fois des représentants d'un organisme gouvernemental afghan et de ceux des talibans était "une contribution importante (...) à l'ouverture de négociations directes".

Les représentants des talibans participaient pour la première fois à une rencontre internationale d'un tel niveau, avait souligné la diplomatie russe.

- Les Etats-Unis en observateurs -

La délégation officielle afghane était composée de quatre représentants du Haut conseil pour la paix, un organisme gouvernemental en charge des efforts de réconciliation avec les insurgés, selon son porte-parole, Sayed Ihsan Taheri.

Le ministère afghan des Affaires étrangères avait cependant souligné que le conseil ne représentait pas le gouvernement afghan, mais intervenait en qualité d'institution non gouvernementale "nationale".

La Russie avait aussi invité à la rencontre les Etats-Unis, l'Inde, l'Iran, la Chine, le Pakistan et cinq ex-républiques soviétiques d'Asie centrale.

Les Etats-Unis avaient annoncé qu'un représentant de l'ambassade américaine à Moscou s'y rendrait en observateur.

"Tous les pays doivent soutenir un dialogue direct entre le gouvernement d'Afghanistan et les talibans pour aboutir à la fin de la guerre", a déclaré à la presse mercredi le porte-parole adjoint du département d'Etat américain, Robert Palladino.

"Mais aucun gouvernement, y compris la Russie, ne peut remplacer le gouvernement afghan dans les négociations directes avec les talibans", a-t-il souligné.

L'initiative russe intervient au moment où, d'après un récent rapport américain, le contrôle du territoire afghan par les autorités est à son plus bas niveau depuis trois ans, les forces gouvernementales subissant des pertes record.

Les Etats-Unis ont tenté à plusieurs reprises de relancer les négociations directes avec les talibans, et deux rencontres bilatérales ont eu lieu ces derniers mois au Qatar, la dernière le 12 octobre.

Les talibans refusent jusqu'ici de discuter avec Kaboul, estimant être le gouvernement légitime de l'Afghanistan, renversé par les Etats-Unis il y a 17 ans, et demandent donc à négocier directement avec Washington.

burs-am/lpt/sg

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