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Hong Kong: Pékin promet la mort "par le feu" aux "criminels"

"Ceux qui jouent avec le feu périront par le feu". Pékin a adressé mardi son plus ferme avertissement en date aux manifestants hongkongais qui défient depuis deux mois le régime communiste, les mettant en garde contre "la puissance immense" du gouvernement central.

Au lendemain d'une journée de chaos dans la métropole du sud de la Chine, marquée par une grève générale et des perturbations dans les transports, le pouvoir pékinois a haussé le ton dans l'espoir de convaincre les manifestants pro-démocratie de rentrer chez eux.

"Ne sous-estimez jamais la ferme détermination et la puissance immense du gouvernement central", a lancé lors d'une conférence de presse le porte-parole du Bureau des affaires de Hong Kong et Macao du gouvernement chinois, Yang Guang, qui a une nouvelle fois accusé une poignée de militants d'être à l'origine de l'agitation, avec l'appui de forces étrangères non précisées.

"Cela doit être très clair pour le tout petit groupe de criminels violents et sans scrupules, et les forces répugnantes qui se cachent derrière eux: ceux qui jouent avec le feu périront par le feu", a martelé M. Yang. "Au bout du compte, ils seront châtiés".

Cet avertissement est le plus fort lancé par Pékin depuis le début de la contestation, début juin, provoquée par un projet de loi visant à autoriser les extraditions vers le reste de la Chine.

Le projet a été retiré mais les manifestations se poursuivent et prennent un tour de plus en plus violent, les contestataires réclamant l'enterrement définitif du projet de loi et la tête de la dirigeante de l'exécutif local, Carrie Lam.

Le régime chinois, qui ne tolère pas la contestation en Chine continentale, s'est pour l'heure refusé à intervenir sur place, laissant les forces de l'ordre hongkongaises gérer la situation.

Interrogé sur la possibilité de voir l'Armée populaire de libération (APL) intervenir, M. Yang a estimé que le gouvernement et la police locales étaient "pleinement en mesure de punir les violences conformément à la loi, de rétablir l'ordre et la stabilité sociale".

L'APL "est une force puissante mais aussi civilisée", a-t-il toutefois remarqué. "Elle agit conformément à la loi".

- Sept manifestations -

La semaine dernière, l'armée chinoise a diffusé une vidéo menaçante montrant ses soldats occupés à réprimer une émeute dans la métropole revenue à la Chine en 1997.

Aux termes de l'accord de rétrocession signé avec Londres en 1984, l'ancienne colonie britannique jouit de libertés inconnues sur le continent. Mais les manifestants disent redouter une érosion de ces libertés face à l'influence croissante du pouvoir chinois dans la cité de 7 millions d'habitants.

L'armée chinoise, qui dispose d'une garnison de plusieurs milliers d'hommes à Hong Kong, n'est pas censée se mêler des affaires du territoire. Mais le commandant de la garnison a rappelé la semaine dernière que la loi l'autorisait à intervenir pour rétablir l'ordre, sur demande des autorités locales.

Une telle intervention raviverait le spectre de la répression des manifestations du "Printemps de Pékin", qui ont fait des centaines, voire plus d'un millier de morts en 1989 dans la capitale chinoise.

Elle pourrait aussi provoquer une catastrophe financière dans une des plus grandes places d'Asie.

Mardi soir, de nouveaux heurts ont opposés forces de l'ordre à des manifestants et des habitants qui s'étaient rassemblés devant un commissariat de police où était détenu un étudiant.

Selon la police il avait été trouvé en possession d'une arme, en l'occurrence un pointeur laser de 18 cm.

Pour les syndicats étudiants la police a "monté de toute pièce une accusation".

Lundi après-midi, alors qu'un appel à la grève générale avait été lancé, sept manifestations simultanées ont eu lieu, constituant un défi pour des forces de l'ordre, qui soumises à rude épreuve depuis deux mois, concentrent l'ire des manifestants.

La police a procédé à 148 arrestations et a tiré pas moins de 800 grenades lacrymogènes, soit le bilan le plus lourd en une seule journée depuis le début de la contestation.

Après des échauffourées tout le week-end, des protestataires sont descendus lundi matin à l'heure de pointe dans plusieurs stations clés du réseau pour bloquer les portes des métros et empêcher les trains de partir.

Plus de 160 vols ont en outre été annulés à l'aéroport de Hong Kong, certains pilotes de compagnies locales ayant décidé de faire grève.

Hong Kong se trouve "au bord d'une situation très dangereuse", a dénoncé lundi Mme Lam. "J'ose affirmer que cela vise à renverser Hong Kong", a-t-elle accusé en assurant que le gouvernement serait "ferme pour maintenir la loi et l'ordre et rétablir la confiance".

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