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Petrobras, un fleuron de l'économie brésilienne en convalescence

L'entreprise pétrolière d'Etat Petrobras, dont le patron a démissionné vendredi, est un fleuron de l'économie brésilienne qui s'est retrouvé au coeur d'un conflit social d'ampleur alors qu'il se relevait à peine du plus grand scandale de corruption du pays.

Fondé en 1953, cette compagnie pétrolière d'État devient au début des années 2000 le symbole d'un Brésil conquérant.

En 2010, elle est une des toutes premières entreprises au monde, derrière les pétroliers américain ExxonMobil et chinois PetroChina. Fin 2009, sa capitalisation boursière était de 147 milliards de dollars pour un bénéfice de 14,7 milliards.

Dans le sillage de la hausse des matières premières, sous les deux mandats de Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) et le premier de Dilma Rousseff (2011-2014), l'entreprise voit grand.

Avec la découverte en 2007 sur le littoral du sud brésilien d'immenses gisements de pétrole en eaux très profondes, sous une épaisse couche de sel, Petrobras élabore un plan ambitieux d'investissements de 224 milliards de dollars pour la période de 2010 à 2014.

Ces gisements fournissent toujours près de 50% de sa production (2,7 millions de barils équivalents pétrole par jour en 2017).

- "Lavage-Express" -

Mais à partir de 2014, l'horizon s'assombrit.

Outre la chute des matières premières, qui entraîne les cours du brut, et l'entrée en récession de l'économie brésilienne, Petrobras se retrouve au coeur d'un gigantesque scandale de corruption. Son image et ses finances en ressortiront très affectées.

L'enquête "Lavage-Express" met au jour un vaste réseau de versements de pots-de-vin lié notamment aux marchés publics de la compagnie pétrolière d'État, éclaboussant plus d'une centaine de personnalités politiques de premier plan, dont les trois derniers présidents de la République.

Plus de deux milliards de dollars de Petrobras sont ainsi détournés, pesant lourdement sur les résultats du groupe.

A partir de 2016, quand le président Michel Temer accède au pouvoir, il nomme Pedro Parente en mai pour permettre au groupe de se relever. Ce dernier engage une restructuration ainsi qu'une réduction drastique de ses investissements et de ses coûts.

Ce capitaine d'industrie et ex-ingénieur de 65 ans a présenté vendredi sa démission, à l'issue de grèves d'ampleur au Brésil où la politique tarifaire et l'autonomie du mastodonte de l'énergie ont été durement remises en question.

Les grévistes s'insurgeaient contre la politique tarifaire mise en place par Parente, qui réajustait quotidiennement les prix des carburants en s'alignant sur les cours internationaux depuis la fin de 2016.

La compagnie pétrolière a réduit considérablement ses pertes l'an dernier, à 446 millions de réais (139,7 millions de dollars au taux de change moyen de l'année), contre 14,8 milliards de réais en 2016. Mais il s'est agi de la quatrième année de pertes consécutives du groupe.

Petrobras a néanmoins expliqué dans un communiqué que son résultat aurait pu revenir dans le vert en 2017 si elle n'avait pas versé près de 3 milliards de dollars pour éteindre une action en nom collectif déposée à New York par des investisseurs se disant lésés par le scandale.

Ces performances semblaient, jusqu'au conflit social de ces derniers jours, avoir porté leurs fruits et le groupe avait retrouvé la confiance des marchés: son retour en mai au sommet des entreprises les mieux valorisées de la Bourse de Sao Paulo en était la preuve.

Mais en près de deux semaines de paralysie du pays en raison des barrages des camionneurs, Petrobras a perdu quelque 40% de sa capitalisation boursière.

Petrobras possède, selon les chiffres de janvier 2018, des réserves confirmées de 12 milliards de barils.

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